Je sais
© Noell S. Oszwald À toutes ces âmes perdues Echouées au bout du rivage Encore fraîches du passage De l'autre côté de la vie À tous ces êtres confondus Depuis l'aube des âges Ces corps abattus, ces visages Inconnus, tant de souvenirs meurtris En nos mémoires obligées De la chance tôt ou tard avortée D'avoir vécu, d'avoir succombé Je soupire, ne soyez pas tristes Il n'est d'autre règle du "je" en vérité Que le jeu limpide de la réalité À être ou avoir été, libre ou libéré Je chavire, il n'est rien de sinistre De s'être éveillé pour un jour mourir D'avoir embrassé la vie et son infini spectacle D'avoir éprouvé l'insensée conscience Pour à la fin se noyer dans le vide immense Je sais, l'innocence brisée, le martyr Alors que la lumière infuse encore le miracle L'implacable course du temps à contre-sens De nos désirs et les indécentes souffrances Je sais Jean-Luc Levesque Article suivant ...