Point giratoire
© Chris 2007 |
Être le centre de tout, tout en était rien
Voilà le paradoxe du rêveur éveillé
Voir les polémiques se succéder
Jusqu'à leur dérisoire dénouement
Tout en restant, circonspect d'amusement
Pile au point giratoire de l'histoire
À observer la parodie distraire son auditoire
C'est drôle comme les choses vont
Toutes ces situations qui se font, se défont
Les fortunes, les amours, les imbroglios
Les scandales, tous les méli-mélo
On dirait qu'une divine comédie
S'est malicieusement donné rendez-vous
Au carrefour de nos grotesques vacuités
C'est un interlude sans fin qui s'articule
Une espèce de cacophonie ridicule
Avec pour théâtrale toile de fond
Un spectacle déjà joué, une resucée
Des mêmes assomantes logorrhées
Des mêmes pathétiques contorsions
De l'égo pour figurer au royaume du paraître
Le lieu commun de tous ces comédiens ?
Ils croient tous dur comme fer
Ce sont là leur œillères, que tout est matière
Et s'enferrent jusqu'à perte de lucidité
À la plus ensorcelante des chimères,
L'idée mystifiée qu'ils se font d'eux-mêmes
Et l'image que leur renvoie leur congénères
C'est donc d'un reflet contrefait et fictif
Dont les voilà dès lors captifs
Si ce monde est "plein de bruit et de fureur"*
C'est qu'ils s'évertuent parfois jusqu'à tragédie
À obéir à ce machiavélique dictateur
Il n'est qu'à décrypter les mythes, les allégories
Pour comprendre l'envoûtement ravageur
De l'homme pour son propre personnage
Cela dure depuis le fond des âges
Cette croyance que nous ne sommes
Rien d'autre que ce que nous sommes,
Il suffit d'ouvrir les yeux pour réaliser
Que la somme de l'homme, c'est l'humanité
Et pas notre insignifiante et ridicule identité
Que notre soustraction de l'ordre naturel
Procède exactement du même ensorcellement
Voir la Terre comme la mère de toute vérité
Est le plus court chemin vers notre divinité
Quant à la paternité de la création créée
Pour peu que le fond de l'Univers soit sexué
Je laisse à chacun le soin d'y trouver son unité
Namasté
* William Shakespeare, Macbeth, 1605
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