T'inquiète !
Gare Saint-Lazare, Claude Monet, 1877 |
Dur dur ce matin
C'est chiffonnade et carpaccio
C'est chaud, la gueule à l'envers
Cerveau tension zéro
Faut bien aller au chagrin
Prendre le train, enquiller le métro
J'écris pour me donner la niake
Voir si j'ai du courage malgré le naufrage
Mais, y rien dans le citron, aucune connexion
Pas d'inspiration, le train accélère
Son vacarme me berce, les yeux me piquent
Ça vire au comatage, la narcoleptique
Milk shake la débandade
Tronche de daurade en fond de rame
Coucou nurserie, bonne nuit les petits
Tout le monde en mode veille
Dans les oreilles, la Beyoncé
Entre sérénade et ronfleries
Mais qu'est-ce que j'ai foutu cette nuit
Bordel, je suis en plein bouillon
J'aligne trois phrases, je pars en légume
Même les lettres sont emmêlées
Je suis dans le brume, j'ai la gerbe
Le cigare en biais, gueule de travers
Le train s'arrête, face terrain vague
Hey, t'as vu ta teutè dans la glace, sa race
On dirait un zomb qui sort de la Tomb
Raider, le shaker, vlà le dromadaire
Deux neurones en fusion, hypotension
J'ouvre l'autre œil, totale confusion
Faut que tu te réveilles de la veille, ma vieille
Que t'assumes tes écarts de boisson
Oh, il y a quelqu'un là-haut ?
Va falloir assurer la journée, copain
C'est pas la bière à boire. La mer... ta mère !
Son père aussi, tant qu'à faire
Asnières la fière, bientôt Saint Lago
Le chemin d'enfer se gare en gare
Quai 1, c'est le déclic, la ruée vers le turbin
Course héroïque, effervescence,
Les rames vomissent le trafic
Moi avec, direction Noisy-le-Sec
Je navigue à vue, les poumons en feu
J'ai mal au plafond, je saigne des cheveux,
La beuze m'a décapé, la reub a finit le boulot
Faut dire que j'ai un peu abusé, mais trop
Envie d'évacuer, je me retiens, c'est chaud
J'aurais pas dû, ça tourne à l'hallu
Vlà pas la cavalerie, la course à l'échalote
Je me faufile, j'anticipe, je vise la sortie
Le chemin s'élargit, c'est de la magie
Je te dis pas le pouvoir, c'est moi qui agit
Le délire, la foule qui m'obéit,
Je suis comme sur un nuage, je surnage
Escalator en panne, l'embouteillage
Le rêve tourne court, réveil en sursaut
Je télescope un chapeau. T'es qui toi ?
Excusez m'dame, z'avais pas vu
Le charme est rompu, viens de chavirer
Faut que t'arrêtes les artifices, gros
Tu te prends trop pour Néo, t'es pas l'élu
Y a comme un bug dans la matrice
Je recolle les zéros, j'atterris
Reprends du poil de la bête, je revis
Incident passager, 10 minutes de retard
Je pose la tête sur mon sac, pique un ronflard
Les rames sont blindées, je passe mon tour
Je suis patient, je l'ai dit tout à l'heure
Je guette le moment, j'attends l'instant
Ou la chance va repasser, obligé
J'accroche le wagon, je saute dans le bus
Je lâche rien jusqu'au terminus
J'écris pour me faire une place au Paradis,
Comme ascenseur, j'ai plus que les mots
Suffit que j'en fasse de la poésie
Parfois, je me prends pour Rimbaud
Je cherche la musique de l'âme,
Sûr, je finirai pas trafiquant d'armes
Voilà, j’arrive au boulot, un check aux potos
Ça va gros, ouech, salamalec !
C’ qui t’es arrivé ? T’as mangé un fennec ?
C’est reparti pour un tour, sec là* même
Dédicace par contumace aux neg' marrons**
J’oublie pas la zonze, ni la mif, ni les darons
* Rhum pur de pays.
** Esclave fugitif de la propriété de son maître.
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