Sirupeuse tragédie
© Gregory Colbert |
Serait-ce une sirupeuse tragédie
Prendre des vacances de soi-même
S'oublier jusqu'à disparaître
Pour se fondre dans l'Unité ?
Serait-ce une onctueuse folie
S'effacer pour ne plus souffrir
De la tristesse du manque
Et de l'effrayante solitude
Se noyer dans la nudité de ton immensité
Au tumulte joyeux de ta multitude ?
Serait-ce une délicate déraison
Humer le souffle de ta présence
Partout où la vie se réalise
Plonger au cœur de ton sein
Pour y résoudre le mystère
Le pourquoi du comment ?
Serait-ce une soyeuse promesse
Lire le verbe en toutes choses
Enrichi de la subtile grammaire
Et de la totalité du sensible
Embrasser les milliards de scenariis
Comme une seule et même mélodie ?
Ces pièces de théâtre magnifiques
Incarnées de répliques charnelles
Serait-ce une liquoreuse comédie
Être l'acteur du miracle vivant
Par-delà les jeux de rôles, libéré
Naviguer sur la ligne du temps ?
Tu es donc je suis, c'est ainsi !
Pourtant subsiste cette mélancolie
Toujours la même nostalgie
Comment se résoudre à l'abandon ?
De tant de beauté, tout cet amour
Malgré les peines et les afflictions
Je sais, ce ne sont que des mots
Des maux doux amers, c'est le sel
De la vie, le prix à payer
L'addition est exorbitante
Ce qui a été ne sera plus
Et jamais plus je ne revivrai ?
Toi, nos affections éperdues
Les délicieuses floraisons
Jamais plus, je me suis tant mélangé
À ton essence, le goût de ton parfum
Tes si délicates fragrances
Jamais plus je ne boirai à la source
De ta présence, s'atrophier de ton corps
Comment accepter ce désert ?
Il fallait bien que la mort fut
Pour que l'existence ait un sens
Je sais, la vérité est une évidence
Désolé, mais je réfute l'expérience
Serait-ce une sirupeuse tragédie
Prendre des vacances de soi-même
S'oublier jusqu'à disparaître
Pour se fondre dans l'Unité ?
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