Je sais
© Noell S. Oszwald |
À toutes ces âmes perdues
Echouées au bout du rivage
Encore fraîches du passage
De l'autre côté de la vie
À tous ces êtres confondus
Depuis l'aube des âges
Ces corps abattus, ces visages
Inconnus, tant de souvenirs meurtris
En nos mémoires obligées
De la chance tôt ou tard avortée
D'avoir vécu, d'avoir succombé
Je soupire, ne soyez pas tristes
Il n'est d'autre règle du "je" en vérité
Que le jeu limpide de la réalité
À être ou avoir été, libre ou libéré
Je chavire, il n'est rien de sinistre
De s'être éveillé pour un jour mourir
D'avoir embrassé la vie et son infini spectacle
D'avoir éprouvé l'insensée conscience
Pour à la fin se noyer dans le vide immense
Je sais, l'innocence brisée, le martyr
Alors que la lumière infuse encore le miracle
L'implacable course du temps à contre-sens
De nos désirs et les indécentes souffrances
Je sais
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