Identité

© Matteo Pugliese

Quelle est ton identité profonde ?
Viens-tu d'un endroit singulier dans le monde
Ou bien es-tu né là où tu es né
Quelque part sur cette planète ronde ?
Quelle est ton origine
Quel est ton caractère ?
Es-tu nomade ou bien sédentaire ?
Un homme rustre que le cosmopolite fruste
Un homme de terroir, un authentique rustique
Qui es-tu ?
Connais-tu ton extraction, ta filiation
Connais-tu tes ancêtres
Te sens-tu membre d'une communauté ?
Tu te dis issu d'une race adoubée
Irriguée d'un sang consacré
Es-tu sûr de ta mythologie personnelle ?
Comment es-tu arrivé jusqu'ici
Connais-tu la migration de tes anciens ?
Connais-tu les prémices de leur départ ?
Es-tu chez toi partout
Où seulement quelque part ?
Tes pères se sont-ils battus
Jusqu'au sang, jusqu'à étêtement ?
Peut-être ont-ils perdu... la raison
Au gré des vents sales de l'histoire
Va savoir les mensonges de la mémoire
Tes mères ont-elles fauté ?
Il en suffit d'une pour que la vie
Métisse la pureté par le vice
Tu ne serais donc pas un fils né d'un pénis ?
Connais-tu la matrice ?
Et son ambassadrice ?
On ne voit pas l'amour qui s'immisce
Pour présider au banquet des délices
Vois tes caprices, la profondeur de tes abysses
Jusqu'où plongent tes cicatrices
Sais-tu où s'ancre ton humanité
Connais-tu tes démons, tes entités ?
As-tu déjà tué, par la pensée
Avec méditation, sans faire exprès?
As-tu peur du changement
Es-tu confiant dans l'avenir
Appréhendes-tu la mort ?
Crois-tu que la vie ne peut pas finir
Qu'elle n'est que sacrifice, une oasis ?
Un immense concours de circonstances ?
Penses-tu que le hasard fait bien les choses ?
Enfin pour terminer, crois-tu que tu es
Qui tu es et rien de plus que ce que tu es ?
Je te laisse à tes pensées créatrices
Ou destructrices, c'est toi qui choisis
La nature rédemptrice de tes catharsis
À moins que tu ne signes l'armistice
La fin de la séparation ou bien le supplice
Ce même que tu nommes l'autre, l'étranger, là
N'est autre que toi, tout en bas de l'édifice
Avant que tu ne te sédentarises et ne te hisses
Crois-tu, au sommet de ce piteux promontoire
D'où tu contemples ton fier territoire
Tu as oublié ce détail de ta propre histoire
Toi, l'ancien nomade, l'ambulatoire
Tu t'es perdu au beau milieu de tes errances
Tu as juste oublié ta provenance
Tu ne connais pas ton essence

Jean-Luc Levesque 

 
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