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Le tourbillon de la vie

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© Tristan et Isolde, Peter Selars J'ai vécu le sensible Côtoyé l'invisible Frolé l'indicible Tout près du précipice Là où la réalité dévisse Les identités s'anéantissent Qui sommes-nous-je ? J'ai bu à la source de ton corps Sous l'eau n'en finissant pas de ruisseler À la lumière de ta poitrine dressée Sous un ciel virginal immaculé J'ai parcouru la volupté de tes courbes Infusé le nectar de ta nue divinité Il n'y avait rien d'autre que nos sens Autour du feu sacré de nos présences J'ai cédé à la magie de ta chaloupe fragile, Ton ventre docile, tes seins en poupe Nous nous sommes abandonnés Jusque l'envoûtement, l'évanouissement De l'espace, jusqu'à dissolution du temps Là où les mots deviennent béants De silence, de sens face à la transcendance  Je me suis laissé aller à la chimie des corps À l'alchimie, toujours et encore Tard dans la nuit jusque l'aurore La perfection consommée, La...

L'ivresse

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© Gregory Colbert Il n'y a pas de place Dans mon cœur pour la haine Je suis allé au bout de l'ivresse Au plus profond de la passion La colère consommée La folie consumée Il ne reste rien Rien Rien qui divise Le cercle indivis .           Nous à l'intérieur L'amour encore Toujours Rien qui divise Pas même l'illusion d'appartenance Rien qui éloigne de la paix Qui détourne de la quiétude Pas même les fatuités majuscules Nos vanités délirantes et ridicules Plus rien qui bascule Rien qui articule Cette folle chimère que la différence Il n'y a pas de place Plus aucune place Dans ma vie pour la solitude J'ai dépensé mon existence À creuser le mystère Dans toutes les dimensions À travers toutes les dévotions Je n'ai plus rien à dévoiler Plus rien à appréhender Rien Je donne mon corps à l'essence Mon esprit à la transe À la danse des sens À la ronde de l'immanence Jean-Luc Levesque Article suivant   Vous po...

Partir

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© Tahmino Je ne meurs pas Je me vaporise Je m'évapore Je me syntonise Dans l'espace Je m'efface Je m'appaire Au mystère Solaire Je me dissous Je m'absous Dans la Lumière D'avant la lumière Je ne m'éteins pas Je m'affranchis Des limites Je m'éconduis De mon propre mythe Je franchis Les frontières Corpusculaires Je regagne la source La création La grande dimension Je me canalise, me syntonise Je rentre à la maison Je ne m'en vais pas Je m'évade, je m'envole Je m'évanouis Éphémères évanescences Vers d'autres sphères D'autres essences Uni dans l'unique Confondu Ai-je assez aimé ? Assez coagulé Le particulier dans l'universel ? Ai-je besoin de juger Encore, de me jauger ? Ai-je encore besoin De m'incarner ? Je ne meurs pas Je rejoins le point de passage D'assemblage des images Plus loin que la matière Plus haut que les nuages La porte des âges Singulière singularit...

Mourir peut attendre

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© Grégory Colbert Le temps à venir est passé                 C'est la fin des préludes Il a charrié dans son vif torrent Le bouillonnement de l'insouciance Jusque l'océan des incertitudes                Qu'allons-nous devenir ? L'horizon s'est évanoui                Les jeunesses se sont envolées C'était le prix à payer Pour ce plongeon à vie éperdue Dans le tumulte des existences                 Il faut se faire une raison... Que restera-t-il de l'histoire Quand le souvenir aura disparu ?                Il restera la vie quelque part Il restera cette folle magie que la conscience Il restera l'enfance, il restera l'innocence Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/

Prisonnier

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© Judith Clay On ne se libère pas de la matière On l'épouse, on l'embrasse On l'ingère, on la digère On fait corps avec elle On l'habite, on l'expérimente On tâche de l'apprivoiser De s'y frayer un chemin On s'y révèle parfois On s'y perd souvent On y sommeille, on s'y réveille On y apparaît un jour Programmés d'amour On y grandit, on y vieillit Puis on s'en soustrait On disparaît, c'est ainsi On s'incarne jusqu'à la mort C'est le sort du corps toujours C'est la règle de la vie La seule échappatoire... La matière nous étreint depuis naissance Et nous transporte jusqu'à conscience En nous chantant tout le dérisoire De notre magnifique insignifiance On ne se libère pas de la matière On tâche d'y faire équilibre À la manière d'un artiste Tel un trapéziste sur un fil On tente d'en saisir le subtil On essaie d'y faire merveille Puis on la quitte subitement Comme on f...

La chair

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© Kim Joon C'est de chair que nous sommes faits, ma chère Issu de l'humus, de la poussière, nés de la terre C'est d'hérédité dont nous avons hérités Depuis les humeurs des premières amours De nos aînés, oubliés dans la nuit des os Des cheveux, des boues et des sangs séchés Dis-moi, c'est bien d’idylle que tu es née De semence, de liqueur, au cœur de l'humidité De plaisir et de passion dans la volupté ? C'est de lymphe dont nous sommes irrigués Divine nymphe, de sécrétion et d'affection De salive et de sueur, l'odeur de ta féminité C'est notre corps nu qui nous sert d'enveloppe La sève a transporté la lettre en toute facilité Dans les méandres de notre nature animale Au centre du chemin tracé par la fécondité : Durant des siècles et des éons d'évolution La vie a sculpté ce subtil sillon pour perdurer C'est de synovie dont nous sommes vivifiés Depuis la mer, première matrice nourricière Jusqu'aux eaux primordia...

La folie des grandeurs

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© DR Je n'aime pas les premiers Tu les vois, ceux qui sont prêts à te bousculer Prêts à te marcher sur les pieds Ils feraient n'importe quoi pour arriver Pourvu qu'ils soient les premiers "Pousse-toi de là que j'entre en scène !" C'est dans leur adn, c'est des sans-gêne Ils veulent être les premiers Les premiers au boulot Les premiers sur la photo Les premiers à briller de prospérité Les premiers à posséder Le nouveau truc, là, la vérité Peu importe la nature du machin-chose Ils veulent être les premiers à savoir Les premiers du ciboulot Les premiers sur la liste Les premiers partout, les premiers surtout Ils seraient prêts à te piquer ta place Ils ne se gênent du reste pas les rapaces Ça commence en classe les petits premiers Tu penses qu'avec le temps, ça va passer Mais non, plus ça passe, moins ça lasse Les grands premiers sont encore plus obstinés Que les petits, c'est comme une maladie Dont ils n'arriven...

Le voyage

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© Gabrielle Pacheco Si je m'écoutais parfois, je me quitterais Je me laisserais tout seul sur le quai Je partirais pour un voyage extrême Je m'ennuie tellement avec moi-même C'est terrifiant, je me fais tellement chier Ma propre compagnie arrive à m'exaspérer C'est dingue, je me donnerais bien congé Pour voir là-bas si j'y suis, voir de l'autre côté Je connais par cœur, c'est à désespérer Toutes les facettes de mon auguste sommité Je me fatigue, me désoblige, je me fais suer Que faire de tout ce temps qu'il me reste à tuer J'ai déjà fait le tour de la question mille fois C'est long toute une vie à passer avec soi Même si on s'aime, même si on s'apprécie Et puis que je sois là-bas ou bien ici même, C'est moi, je le sais, le seul et unique problème Alors quand je sens venir la mélancolie Moi qui me pratique depuis des décennies Je décide de m'oublier, c'est le médicament Le seul remède que j'ai t...

L'harmonie

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© DR Il faut guetter le courant d'air Il se fait souvent messager du sensible Il trahit le souffle secret de la création Celui qui fait émerger la lumière Vibrer la matière partout dans l'Univers Parfois, c'est la flamme des bougies Qu'il fait danser en catimini La pièce n'a pourtant pas de trouée Mais le message de l'ange est passé Il nous dit que la nature de l'esprit Est d'être immergé dans l'âme du monde Tantôt le souffle est puissant, insistant Mais le plus souvent, il est hésitant Comme s'il se faisait infime, presque intime Je crois bien qu'il veut rester confident Alors, quand par hasard tu l'as remarqué Tu te trouves désarçonné de ta réalité Car il faut bien se rendre à l'évidence Rien ne peut expliquer cette présence Ce mystère n'a d'autre source plausible Et tu le sais de manière infaillible Que la nature imperceptible de l'invisible Puis soudain, arrive un jour ou tu comprends Enfin ...

Raconter des histoires

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© DR Bizarre ce besoin incessant de parler Déverser sa soupe verbale, sa logorrhée C'est comme un besoin irrépressible de piailler De gazouiller, de chanter, de faire du bruit Peu importe le sujet du palabre, de l'argutie Il s'agit de dire sa présence, de célébrer la vie Les gens peuvent bavarder des heures durant Et patati, et patala, non mais t'as vu ce temps ? Tu crois vraiment qu'il va être président ? Et l'autre là, c'est comment déjà son nom ? J'aime pas parler, parler pour ne rien dire Tant de mots pour si peu d'entendement C'est comme quand tu te mets à écrire À quoi ça sert, qu'est ce que tu veux raconter ? Y a-t-il un message dans tes griffonages ? Pourquoi tu fais pas plutôt un beau coloriage ? Pourquoi pas une image plutôt que verbiage ? Tous ces mots pour un simple babillage Du papotage, ca tourne au caquetage Un gras galimatias, c'est rien que du blablatage Mais ça sert à ça, je crois, les mots p...

Identité

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© Matteo Pugliese Quelle est ton identité profonde ? Viens-tu d'un endroit singulier dans le monde Ou bien es-tu né là où tu es né Quelque part sur cette planète ronde ? Quelle est ton origine Quel est ton caractère ? Es-tu nomade ou bien sédentaire ? Un homme rustre que le cosmopolite fruste Un homme de terroir, un authentique rustique Qui es-tu ? Connais-tu ton extraction, ta filiation Connais-tu tes ancêtres Te sens-tu membre d'une communauté ? Tu te dis issu d'une race adoubée Irriguée d'un sang consacré Es-tu sûr de ta mythologie personnelle ? Comment es-tu arrivé jusqu'ici Connais-tu la migration de tes anciens ? Connais-tu les prémices de leur départ ? Es-tu chez toi partout Où seulement quelque part ? Tes pères se sont-ils battus Jusqu'au sang, jusqu'à étêtement ? Peut-être ont-ils perdu... la raison Au gré des vents sales de l'histoire Va savoir les mensonges de la mémoire Tes mères ont-elles fauté ? Il en suffit...

L'ennui

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© Egon Schiele Tu n'aimes pas les mots Dont j'use pour dire Et tu voudrais du rose Pour colorier ton monde Tu n'aimes pas la prose Dont j'abuse pour rire Et adoptes une pose morose Une moue furibonde Ça tourne à la psychose Ce besoin d'assujettir De tout contrôler à la ronde Les hommes tels des choses Dont tu crois disposer à loisir Tellement soumise à ta névrose Mais alors que dire De ces mèches blondes Et ta connerie profonde Pour taire le pire N'était la folle hypnose De tes fesses rondes À mon cœur défaillant À mon vit rutilant Contre le tien fouillant Et alors dégoulinant Pauvre de toi, chérie Vernie d'un beau délire Que ne sais-tu l'ennui Que tes parfums m'inspirent Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/  

C'est quand la joie ?

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© DR C'est quand la joie dans ta vie Quand décides-tu de ton bonheur ? A-t-il pignon sur ta rue ? L'as-tu rencontré ces temps derniers ? C'est simple, la vie, c'est toi Et des milliards de scenarii Un enfant qui passe L'innocence en délit As-tu ri aujourd'hui ? Dis-moi quel est ton script ? Y a-t-il des personnages amusants Des zigotos rigolos, des marrants Qui s'occupent de la lumière ? Tourne-t-on une scène aujourd'hui ? Regarde comme les filles sont jolies Tiens, en voilà une qui te sourit C'est simple la vie, c'est toi La joie, et parfois des intempéries Il paraît qu'il pleut cet après-midi As-tu pensé à prendre ton parapluie ? Quel temps fait-il dans ta tête ? Il fait beau ou bien... c'est p'tête la tempête C'est quand qu'on s'amuse, qu'on s'oublie ? Ta vie ressemble-t-elle à une comédie ? Est-ce toi le chef d'orchestre Peut-on parler avec l'impresario ? Qu'est-ce qu...

Je suis

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© DR Je suis... L'aube qui exhale les fragrances de la nuit Le froissement des draps sur ta peau Le ciel qui s'ébroue des lenteurs de la vie Je suis... Le silence qui se tait pour chanter la mélodie Des premiers troubles de la plaine engourdie Je suis les subtils émois de ton âme évanouie Je suis... Cet être qui accueille l'authentique magie Des premières lueurs de la nature endormie Sous un ciel qui scintille encore de la ronde Des mondes alentour, tous ces espaces promis Ces infinis palpables par la seule imagination Auxquels seul l'Amour donne poésie Il en est ainsi de toutes choses en harmonie Je suis ce qui est, je suis ce que je suis Je suis... L'exacte révolution de la Terre autour du soleil La parfaite courbure de tes hanches alanguies L'astre qui consume avec juste proportion Le temps de notre présence, la sublime rêverie Je suis... L'immensité préhensile des accords sensibles L'incommensurable de ta présence pal...

Humanimal

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© Thésée combattant le Minotaure,  François Sicard . Le voilà le dragon mythologique à terrasser Cet hydre machiavélique à têtes multiples ! Les revoilà, les êtres infernaux et diaboliques Cerbère, Léviathan, Gorgones, Erinnyes Cyclopes, centaures, satyres et autres harpies Toutes ces chimères légendaires, ces allégories Ces monstres fantastiques, ces sombres furies Figures symboliques de la psyché humaine À la fois meilleures amies et ennemies Telles les deux faces d'une même pièce Pour une seule et authentique tyrannie L'aliénation inextricable de l'égo ! Le voilà l'olibrius, l'homuncule vaniteux Le despote conformiste, prompt à discriminer Encenseur opiniâtre et accusateur méprisant Engoncé dans sa petite folie confortable Un amour incommensurable de lui-même Il est là, chefaillon comme on en connaît légion Prêt à tout pour conserver sa souveraineté Allant jusqu'à abandonner son autorité Si d'aventure son intégrité s'avéra...

Lieu commun

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© Narcisse, Le Caravage, 1597-1599 S'il est un lieu commun à tous les humains C'est bien d'être contaminé par cette maladie Qui consiste à vouloir toujours être aimé C'est une quête inassouvissable, une pure folie Que de guetter sans cesse l'approbation De l'autre, tous ces tics de séduction Suis-je aimable, me reconnais-tu ? Puis-je faire partie de ton groupe ? Je te like, regarde comme je suis gentil Cette dictature insensée de l'affectif : Attendre sans cesse le consentement L'adhésion dans l'acquiescement de l'autre Et puis exactement tout son contraire Exclure sous prétexte de différences De classe, de genre, d'âge, d'apparence Mais encore d'origine, de religion, de culture Que sais-je encore l'insignifiance Des dissemblances que l'on peut s'accorder Pour se donner une raison d'exister Il me vient parfois des idées délétères À observer ainsi mes congénères Je me voudrais tant aimant, c...

J'accuse !

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© Jean-Luc Levesque Embrasser la totalité Des lèvres filigranulées           Le calice pulpeux de la rose ruissellée  L'armâcher avant qu'elle ne s'étiole            Molle de maladies           Non ! Le monde peut pourrir Pourrir pour renaître                    À l'envers du ventre empuriné                   Mais pas mourir  Mourir à l'antre de cendres D'une vie qui se serait consumée Jusqu'à l'anéantissement ultime La perte totale des subtils équilibres L'amazoniaque génocide de la nature Le lent croupissement de la multitude Dans ses propres déjections           J'accuse ! Ceux-là même qui dénoncent au banc           L'infamie Les pleutres et les fourbes Les jaunards, les peureux Tous les innocents, ...

Point giratoire

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 © Chris 2007 Être le centre de tout, tout en était rien Voilà le paradoxe du rêveur éveillé Voir les polémiques se succéder Jusqu'à leur dérisoire dénouement Tout en restant, circonspect d'amusement Pile au point giratoire de l'histoire À observer la parodie distraire son auditoire C'est drôle comme les choses vont Toutes ces situations qui se font, se défont Les fortunes, les amours, les imbroglios Les scandales, tous les méli-mélo On dirait qu'une divine comédie S'est malicieusement donné rendez-vous Au carrefour de nos grotesques vacuités C'est un interlude sans fin qui s'articule Une espèce de cacophonie ridicule Avec pour théâtrale toile de fond Un spectacle déjà joué, une resucée Des mêmes assomantes logorrhées Des mêmes pathétiques contorsions De l'égo pour figurer au royaume du paraître Le lieu commun de tous ces comédiens ? Ils croient tous dur comme fer Ce sont là leur œillères, que tout est matière Et s'...

Intrication

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© DR Nous sommes intriqués Au temps, au vent À l'air que nous respirons À la terre que nous foulons À la nature que nous négligeons Au sang qui circule dans nos veines À l'eau qui irrigue nos cellules Au jour, à la nuit Au Soleil, à la Lune Aux étoiles Au ciel, à la mer À nos mères, à nos pères À nos familles À leur histoire À notre propre histoire À celle de notre espèce A celle du vivant... Nous sommes intriqués À notre éducation À notre culture, À notre imaginaire À nos croyances À nos certitudes À nos jugements À nos blessures À nos peurs À nos joies À nos émotions À nos espérances À  nos préférences À notre sensibilité À notre humanité À notre biologie À notre chimie À notre ADN À la physique À la métaphysique À l'origine de la vie À la matière À l'Univers Au vide Nous sommes  intriqués Les uns aux autres Qu'on le veuille ou non Nous sommes tous liés 🙏 Servamangalam Jean-Luc Levesque   Article suivant   ...

Au nom du corps

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© DR Au nom du corps, de la mort et de la vie Au nom de la multitude, au nom de l'unité Au nom de l'ignorance et de la sapience Au nom de l'inconscience, au nom de l'esprit En vérité je te le dis, il n'y a rien de plus important te concernant que l'instant que tu vis et puisque, par je ne sais quel heureux hasard, tu me lis, je te le dis, si tu doutes un jour de qui tu es, de qui je suis, pose-toi l'unique question qui vaille, c'est la seule, si tu trouves la réponse, qui t'ouvrira la porte du paradis : Y-a-t-il une mort avant la vie ? Cette question en amène bien sûr une autre, maintenant que tu as réfléchi à la seule réponse possible qui est la vie : Y a-t-il une vie après la mort ? Tu l'auras compris, le problème, pour peu qu'il en soit un, est résolu en partie, de toute éternité, avant même d'être incarnée, la vie est infinie. Il est là le mystère, à la fois offert et inappréhendable, qui s'évapore dès lors q...

À votre guise

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Gregory Colbert Ainsi, "c'est à votre guise" Les choses se font et se défont Tantôt passant de fardeau à plume D'enclume à impromptu cadeau Les épaules soudain plus légères Et les idées enfin plus claires Il n'est alors plus rien qui ne pèse Rien qui "ne penche vers la terre" * Il suffit que l'on se grise sans nuance Que l'on s'incline, que l'on danse Que l'on s'extasie de l'Univers "C'est à votre guise, disait Baudelaire * Que de vous enivrer sans trêve De vin, de poésie ou de vertu" "Qu'importe le flacon, ajoutait Musset** Pourvu qu'on ait l'ivresse" Avec l'Amour pour maîtresse L'Univers comme fidèle compagnon Et l'émoi pour seul horizon Il n'est alors plus question que de se saouler De tout ce qui a lieu, tout ce qui vibre De tout ce qui fuit, de tout ce qui existe La vie transformée en rêve Et l'ennui sitôt disparu Le temps s'échoue...

Urgence

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  © DR Ce n'est pas l'océan que le marin embrasse C'est un présent sans fin qu'il enlace C'est un quotidien de banalités De faux-semblants, de contre-vérités Dont il se débarrasse Qu'il abandonne sur le quai Il a cette urgence vitale d'air frais Une nécessité d'espaces plus vastes Loin des promiscuités néfastes D'avec lui-même et ses semblables Seul, loin des rivages accostables Livré à la merci des éléments Le voici libre, la nuque offerte au vent Là où personne n'a jamais posé pied Là où nul n'a jamais capturé l'infinité Là où silence et furie s'annulent Là où raison et folie tournent ridicules Jusqu'à l'oubli de son propre matricule La mer et l'immensité pour seuls compagnons La mer, la mer toujours et encore en addition Jusqu'à l'abandon, sans délai, sans condition Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/ ...

L'heure bleue

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© Gregory Colbert J'ai bu l'eau des nuages À l'ombre de ton immensité Mesuré la clarté de l'aube La paix de ton obscurité J'ai vu le soleil naissant Parmi les arbres s'ébrouant De ta nuit ronde d'humidité Les étoiles ont tant infusé J'ai entendu la muette jubilation Des oiseaux au cœur de ta source L'heure bleue, la chant du silence La furtive célébration Et l'ouverture suspendue Tous les musiciens à l'écoute Du concert impromptu De ton soupir royal J'ai aperçu la merveille Le temps que l'astre réveille Sous l'horizon de lueurs d'ondes La nouvelle ronde des secondes La lumière signant l'éveil Du lever frondeur de la vie Les batraciens coassant Sous la hulule des rois de la nuit J'ai vu l'agitation scintillante Tous ces diamants de rosée L'irréelle symphonie liquide De tout ton corps glorifié J'ai lu les messages entre les lignes Du vide, la plénitude des signes T...

Sirupeuse tragédie

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   ©  Gregory Colbert Serait-ce une sirupeuse tragédie Prendre des vacances de soi-même S'oublier jusqu'à disparaître Pour se fondre dans l'Unité ? Serait-ce une onctueuse folie S'effacer pour ne plus souffrir De la tristesse du manque Et de l'effrayante solitude Se noyer dans la nudité de ton immensité Au tumulte joyeux de ta multitude ? Serait-ce une délicate déraison Humer le souffle de ta présence Partout où la vie se réalise Plonger au cœur de ton sein Pour y résoudre le mystère Le pourquoi du comment ? Serait-ce une soyeuse promesse Lire le verbe en toutes choses Enrichi de la subtile grammaire Et de la totalité du sensible Embrasser les milliards de scenariis Comme une seule et même mélodie ? Ces pièces de théâtre magnifiques Incarnées de répliques charnelles Serait-ce une liquoreuse comédie Être l'acteur du miracle vivant Par-delà les jeux de rôles, libéré Naviguer sur la ligne du temps ? Tu es donc je suis, c'e...

Les enfants

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© DR J'entends les enfants qui jouent au loin, ils rient à gorge déployée, c'est comme une volée de moineaux qui piaillent dans les arbres, on ne sait pas pourquoi ils sont à ce point excités, leurs jeux n'ont l'air d'avoir aucune importance, pas plus que leur cris, leurs éclats de rire, je crois qu'il n'est question que de manifester leur joie d'être. Ils sont dans une spontanéité totale, un lâcher prise dont le seul but semble être le bonheur, le bonheur et l'énergie d'être dans l'instant. Les enfants qui jouent ne sont pas ailleurs que là où ils sont, ils ne se regardent pas être, ils sont dans la vie, dans la vie pure, en dehors de tout calcul autre que celui de manifester leur joie et de se regarder la proclamer avec emphase et exagération. J'aime entendre les enfants jouer, ça me rassure, ça me berce. Des réminiscences peut-être ? Une énergie encore présente sûrement. On ne devrait jamais cesser d'être des enfants, mais ...

La concentricité

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© DR Je crée des cercles dans l'eau J'observe les ondes concentriques Qu'ils forment dans le fluide Ils me rappellent notre nature Ondulatoire et énigmatique Énergétique et vibratoire Je projette des cercles dans l'air J'observe les volutes éthériques Qu'ils dessinent dans l'espace Ils me disent notre caractère Poétique et transcendantal Cérébral et métaphysique Je sculpte des cercles dans la pierre J'observe les strates et la tectonique Qu'ils révèlent dans la matière Ils me racontent notre présence Éphémère et antédiluvienne Microbienne et moléculaire J'observe les cercles dans les blés J'analyse les signes et la symbolique Qu'ils façonnent dans le végétal Ils témoignent de notre réalité Multidimensionnelle et intergalactique Métamorphique et matricielle Je trace des cercles sur ton corps Je contemple les frissons et les granulités Qu'ils créent sur ta fragilité Ils trahissent ton essence Vibrat...

Le Royaume

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© Wim Wenders Là d'où "Je" parle Tu" ne peux interférer C'est un endroit fabuleux Sans aucune entrée Ni porte, ni fenêtre Pas même un vantail Un vitrail, un soupirail C'est un espace sans séparation Synchrone et en totale intrication Où chacun est omniprésent Quel que soit l'instant Quoique rares sont ceux Entièrement conscients d'évoluer Au cœur de sa beauté cachée Il n'y a rien à payer Pour y pénétrer Rien à présenter, aucun papier Passeport, aucune pièce d'identité Pas besoin de clef, de laisser-passer "Tu" ne peux pas y entrer C'est la seule formalité Telle est la règle du jeu Sitôt que "tu" se réveille Le charme s'évanouit, c'est simple Et c'est sans compromis "Je" n'accepte aucun vis-à-vis Son royaume est entrebâillé Pour qui sait rester centré Rester centré, c'est là le défi Ne jamais s'attribuer la magie Des événements surprenants Qui se présentent ...

T'inquiète !

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Gare Saint-Lazare, Claude Monet, 1877 Dur dur ce matin C'est chiffonnade et carpaccio C'est chaud, la gueule à l'envers Cerveau tension zéro Faut bien aller au chagrin Prendre le train, enquiller le métro J'écris pour me donner la niake Voir si j'ai du courage malgré le naufrage Mais, y rien dans le citron, aucune connexion Pas d'inspiration, le train accélère Son vacarme me berce, les yeux me piquent Ça vire au comatage, la narcoleptique Milk shake la débandade Tronche de daurade en fond de rame Coucou nurserie, bonne nuit les petits Tout le monde en mode veille Dans les oreilles, la Beyoncé Entre sérénade et ronfleries Mais qu'est-ce que j'ai foutu cette nuit Bordel, je suis en plein bouillon J'aligne trois phrases, je pars en légume Même les lettres sont emmêlées Je suis dans le brume, j'ai la gerbe Le cigare en biais, gueule de travers Le train s'arrête, face terrain vague Hey, t'as vu ta teutè dans l...