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Se défaire

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© Yeong-Deok Seo Croire dur comme fer que tout est matière Voilà nos œillères, l'enfer sur terre On viendrait de nulle part, on n'irait pas plus loin Et à la fin, il ne resterait rien de toi, de moi Absolument rien de la vie sur Terre Rien, puisque c'est de là que l'on vient Rien, puisque c'est là où on va, ma foi À quoi ça sert tout ça, on se demande bien ? Tout ça pour finir dans le froid de l'Univers  À  quoi sert tout ce temps passé À faire tout ce qu'on fait, c'est une vie gâchée  Pourquoi ne pas faire tout ce qu'on ne fait pas Ce qu'on aimerait bien faire, tu vois ? Plutôt que de se satisfaire de faire  Ce qu'on fait, contraints et pas le contraire Pourquoi s'obliger, à quoi ça sert ? À moins de faire les choses machinalement Parce que chacun fait ainsi et pas autrement Elles sont alors pesantes ces contingences Toute cette vie passée à répondre à l'exigence D'être en obligation plutôt qu'en connivence Parce que c'es...

Imagine

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©DR     "Imagine qu'il n'y ait plus de pays" Imagine qu'il n'y ait plus de conflit Plus de haine, plus de mépris Imagine qu'il n'y ait plus de guerre  Plus d'enfer, plus besoin de paradis Imagine qu'il n'y ait plus de jalousie Plus de sauvagerie, plus de tuerie  Imagine qu'il n'y ait plus que la vie La vie et rien d'autre que la vie Chacun s'épanouissant dans le respect d'autrui  Imagine que nous ne soyons qu'unité  Qu'il n'y ait qu'une seule et même êtreté  Un seul être au monde, une seule entité Imagine que l'Univers soit conscience Qu'il soit vibrance, résonance  Imagine que cette conscience soit absolue Que le contenant soit comme le contenu Matière et vide formant un même corps Imagine, ça ne demande pas tant d'effort  Que nous ne soyions finalement qu'un tout Que la seule différence entre nous Soit comme un reflet dans le miroir Dérisoire Imagine que tout le vivant participe à la fêt...

Prédateur

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© DR Le chasseur a tiré toute la journée  Ce soir, il s'est tu, il est fatigué Il a fait le compte de la chair abattue Il a bien tué, faut dire qu'il s'est bien battu Il a couru la campagne à travers champs Son treillis patientait depuis si longtemps Pour une ouverture, c'était pas folichon On se demande où sont passés les pigeons L'oiseau ne passait pas assez haut Pan ! Tant pis, il était à portée à fusil Ben, l'était pas bien gros le passereau ! Il a rejoint la besace bien fournie Du traqueur de la vie à l'agonie Le plomb l'a transpercé entièrement  Il est tombé net, mort sur le coup ! C'est tellement excitant d'éliminer le vivant Pourquoi, je n'en sais rien du tout ? Mon père chassait, mon grand-père avant On est des chasseurs depuis tout le temps Nous connaissons tous les cris animaux Pour les oiseaux, on se sert d'hapeaux Tout petit déjà, je savais les utiliser  La faune s'est raréfié ces temps derniers  Mon ultime lièvre, c'...

Les filles sont jolies

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  © Marie Laurencin 1883-1956 Plus je vieillis, plus les filles sont jolies C'est un bien étrange ressenti Dont je me vois curieusement assailli Peut-être est-ce l'été qui agit ? À moins que je ne me sois alangui À une quelconque rêvasserie Que sitôt la morale contredit ! : " C'est faire montre de peu de vernis Que d'imaginer croquer la belle ancolie Qu'est-ce que fruit à peine mûri  Trouverait de bouquet à pomme flétrie ? " Je me demande le pourquoi subi De cette bien étrange chimie Ce qui peut m'émouvoir ainsi Devant ce spectacle exquis Ma plume ne se veut que poésie Et mon regard par l'émotion trahi Est ébloui plus qu'il ne traduit l'envie D'une éventuelle suspecte badinerie Il faut laisser à jeunesse son énergie  Sa folie, ses soucis, ses lubies Le spectacle est à ce point permis Que je reste ébahi, ébaubi, ahuri Devant tant de grâces réunies Humer le parfum avec frénésie Voici bien là mes seules envies En absorber le miel tue...

Aimez-vous

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  ©DR Offrez-vous un soupçon de légèreté  Pour habiller l'espace de simplicité  La finesse d'un voile vaporeux Afin que la grâce puisse se révéler Offrez-vous de la tendresse à défaut d'amour Et de la délicatesse pour combler tout autour Donnez-vous de la fraîcheur Pour gonfler vos poumons d'ardeur Et chanter en chœur le défilé de la vie Qui déroule sa houle joyeuse Au creux de vos mains nues Admirez sa danse impromptue   Accordez-vous de la douceur  Pour épargner vos fragilités Quelque indulgence à défaut de bonté De la tolérance pour vous pardonner Vos erreurs en humanité La peur vous avait mal guidés Octroyez-vous du repos Quelque répit à défaut de sérénité Vous avez mérité de vous oublier Faites la pesée de toutes vos qualités Voyez comme vous êtes achevés Vous êtes les seuls à pouvoir vous aimer    Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/  

La grâce

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© Grégory Colbert   Vois-tu la grâce te faire signe Elle n'a de cesse de te révéler  Par tous les moyens à sa disposition  Ton trône au sein du royaume Elle se glisse dans les conversations S'immisce dans tes occupations  Se mélange aux bruits de fond Elle chuchote, elle murmure Elle susurre, elle carillonne Il faut être en éveil, il faut avoir l'oreille Pour percevoir son message  Souvent, elle se sert d'un émissaire Tu n'y crois pas, c'est un tel mystère  Comment est-ce possible  C'est du domaine de l'invisible ? À peine te poses-tu la question  Que le charme déjà s'évanouit  Quelle coïncidence ? La vérité ! Quelle synchronicité ! Guetter l'immanence Observer la magie de l'existence  Devenir spectateur de la Présence  De l'impermanence Qui nourrit tes sens d'abondance T'en révèle partout la substance  Voilà la récompense   De ton intime correspondance Avec l'Essence Et voici ta nouvelle résidence Avec pour unique sé...

L'opulence

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© Lok Chiak   Aurais-tu pu vivre plus profonde plongée Que cette immersion au cœur de la vie ? Tantôt tu doutes de cette terne existence C'est le poids des habitudes qui influence Tu ne vois plus que la lumière éblouit Tu ne vois plus le miracle, la magie Tu as oublié l'énormité de la félicité Le simple émerveillement d'exister Car c'est bien une énigme que d'être né C'est bien d'un prodige dont il s'agit D'un phénomène, que dis-je, d'un génie  Souviens-toi tes premières trépidations  Le flot insensé et continu des signaux Ton cerveau en alerte, en ébullition  La fraicheur de l'air, le clapotis de l'eau Les parfums du monde enfantin Nous étions tous enivrés d'éternité Médusés par l'infinité de la diversité Nous ne nommions pas l'abondance Ne possédions pas encore la science Nous respirions, humions les fragrances Et n'avions que faire de l'inventaire Nous ne savions pas le voyage de l'univers Nous étions en éveil d...

Béance

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Le désespéré, 1845, Gustave Courbet (1819-1877)  Regarde ta folie bien emmitouflée Au cœur de ton humanité Elle trône telle une vigie Au beau milieu de ta réalité Elle te hurle danger Là où il n'y a rien à redouter Te persifle complot et machination Là où il n'y aucune conspiration Elle accuse un responsable Coupable de ta vie lamentable L'autre là, le différent, l'indésirable C'est une petite folie, tu me diras Dont tu t’accommodes des tracas Qu'elle cause à ta craintive tranquillité Car tu n'es pas maître de tes pensées Voilà une des raison de tes anxiétés Incapable que tu es de contester Ce que t'affirme le petit tyran Qui a fait siège de ton entendement Ce dictateur, cet oppresseur Qui se nourrit des tes peurs Celui qui gamberge sans ton autorité Et qui a pris possession de ta lucidité  Tout ça ne serait pas problématique Si en ces temps d'échanges frénétiques Tu ne te mettais à délivrer tes insanités Et à former communa...

Le secret

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© Grégory Colbert Cultiver le silence Voilà le secret Taire la petite voix intérieure Faire cesser les images Voilà le secret Arrêter de s'envisager De s'imaginer De se dévisager Voilà le secret Poser tous ses outils De perception De compréhension Passer en mode manuel Changer de logiciel Voilà le secret S'abandonner S'oublier Faire la paix Être en paix Être la paix Voilà le secret Le secret qui ouvre la porte du secret Jean-Luc Levesque   Article suivant     Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/

Entre terre et éther

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© Noell S. Oszwald J'erre entre Terre et éther "Entre ciel et chair" * Je ne puis, c'est ainsi Me défaire du mystère Partout dans les airs Tantôt j'oublie la magie J'oublie que l'âme agit Je me jette dans la nuit Pour mieux me défaire Des fers qui m'enserrent Ma cécité délivrée Les antennes déployées Je vois alors le monde d'à côté Il y a que la matière danse Quand tu la sais vide C'est l'esprit qui manigance Qui réagit, qui préside Et nous aussi on danse Sans même nous en rendre compte On est comme dans un conte Héros, héroïne d'un jeu de rôles Ou de marionnettes, ça dépend On pense tout contrôler, c'est drôle Mais on apprend à nos dépens Qu'on est des arlequins, des pantins Et à la fin on comprend Qu'il y a un maître d'œuvre Invisible à la manœuvre Là, juste en toile de fond Un metteur en scène mystérieux Un Deus ex Machina Qui tient à son anonymat Et qui règle la lumière des lieux ...

Vagabond céleste

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  © Noell S. Oszwald   Voici l'éphémère manifeste D'un vagabond céleste Le modeste recueil illustré D'un voyageur émerveillé Il profite de son passage furtif En équilibre sur son fragile esquif Pour décrypter sa mystérieuse aventure Et la miraculeuse épopée de la nature C'est en contemplatif averti En explorateur ébahi Sous perpétuel état de poésie Qu'il guette la subtile magie De l'expression du vivant Dans tous les signes environnants Il n'appartient pas à son temps Dont il n'a que faire des égarements Le monde des hommes l'assomme Tout ce bruit, toute cette fureur Vanité, vanité, le diabolique opium Qui instille la fielleuse douleur Au cœur de l'inconscience : Dictature du paraître et superficialités Que restera-t-il de nos individualités Passé l'histoire, pauvres consciences ? C'est pourtant simple le bonheur Il suffit d'observer la vie à l'honneur Avec la nature comme seul métronome En...

Le saut de l'ange

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© DR Tu t'es envolée Noyée de solitude Ivre de désespoir, de lassitude As-tu voulu fuir les ténèbres Ou bien embrasser l'immensité De ta folie démesurée En route vers la lumière Dans un éclair de lucidité ? Tu t'es élancée Une Princesse a chu L'instant d'après n'était plus Tu as quitté ton promontoire Abandonné ton histoire Tu as sauté Sauté dans le vide Le vide de l'espace L'espace d'une seconde Seconde d'éternité Éternité suspendue Au fil de ta chute Le choc fut terrible Et la stupeur indélébile Le temps qu'elle a duré  Une douleur indicible D'un cœur arraché Qui sonne en creux Le vide d'une poitrine Impossible à combler Ton amour t'avait trahi L'abandon ajouté à la perfidie Qu'il t'avait déjà inoculée, le scorpion Il ne méritait pas ta passion Mais, tu le chérissais toujours Pourquoi n'ai-je pas vu les tours Que manigançait l'intrigant Ça ne sert plus à rien, maintenant Mais il reste qu...

Le voile de l'oubli

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© Tomasz Alen Kopera Il ne manquera personne à l'orée de la vie Tous autant que nous sommes, vaincus Il ne manquera personne si on y réfléchit Vaincus, mais finalement ravis d'avoir vécu Ravis, sauf peut-être les âmes égarées Les existences volées, les innocences trahies Va savoir le dévolu posé sur les vies bannies Va savoir le pourquoi des destins brisés L'heure sonne à son heure, c'est ainsi Tu ris, tu pleures, tu vis, tu meurs Nous sommes tous effacés, anéantis Il ne reste rien de nous, de nos bonheurs De nos malheurs, rien de nos amours De nos croyances, de nos espérances Rien de nos passions, rien de nos civilisations Il ne reste rien, sauf peut-être nous autour Rendus à l'esprit comme particule élémentaire À attendre notre tour après le dénouement Pour un nouveau plongeon dans le mystère Et ainsi de suite jusqu'à total épuisement De nos attirances, de nos sympathies Pour ce grand manège du miracle de la vie Chacun nourri à...

Je sais

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© Noell S. Oszwald À toutes ces âmes perdues Echouées au bout du rivage Encore fraîches du passage De l'autre côté de la vie À tous ces êtres confondus Depuis l'aube des âges Ces corps abattus, ces visages Inconnus, tant de souvenirs meurtris En nos mémoires obligées De la chance tôt ou tard avortée D'avoir vécu, d'avoir succombé Je soupire, ne soyez pas tristes Il n'est d'autre règle du "je" en vérité Que le jeu limpide de la réalité À être ou avoir été, libre ou libéré Je chavire, il n'est rien de sinistre De s'être éveillé pour un jour mourir D'avoir embrassé la vie et son infini spectacle D'avoir éprouvé l'insensée conscience Pour à la fin se noyer dans le vide immense Je sais, l'innocence brisée, le martyr Alors que la lumière infuse encore le miracle L'implacable course du temps à contre-sens De nos désirs et les indécentes souffrances Je sais Jean-Luc Levesque  Article suivant   ...

Le tourbillon de la vie

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© Tristan et Isolde, Peter Selars J'ai vécu le sensible Côtoyé l'invisible Frolé l'indicible Tout près du précipice Là où la réalité dévisse Les identités s'anéantissent Qui sommes-nous-je ? J'ai bu à la source de ton corps Sous l'eau n'en finissant pas de ruisseler À la lumière de ta poitrine dressée Sous un ciel virginal immaculé J'ai parcouru la volupté de tes courbes Infusé le nectar de ta nue divinité Il n'y avait rien d'autre que nos sens Autour du feu sacré de nos présences J'ai cédé à la magie de ta chaloupe fragile, Ton ventre docile, tes seins en poupe Nous nous sommes abandonnés Jusque l'envoûtement, l'évanouissement De l'espace, jusqu'à dissolution du temps Là où les mots deviennent béants De silence, de sens face à la transcendance  Je me suis laissé aller à la chimie des corps À l'alchimie, toujours et encore Tard dans la nuit jusque l'aurore La perfection consommée, La...

L'ivresse

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© Gregory Colbert Il n'y a pas de place Dans mon cœur pour la haine Je suis allé au bout de l'ivresse Au plus profond de la passion La colère consommée La folie consumée Il ne reste rien Rien Rien qui divise Le cercle indivis .           Nous à l'intérieur L'amour encore Toujours Rien qui divise Pas même l'illusion d'appartenance Rien qui éloigne de la paix Qui détourne de la quiétude Pas même les fatuités majuscules Nos vanités délirantes et ridicules Plus rien qui bascule Rien qui articule Cette folle chimère que la différence Il n'y a pas de place Plus aucune place Dans ma vie pour la solitude J'ai dépensé mon existence À creuser le mystère Dans toutes les dimensions À travers toutes les dévotions Je n'ai plus rien à dévoiler Plus rien à appréhender Rien Je donne mon corps à l'essence Mon esprit à la transe À la danse des sens À la ronde de l'immanence Jean-Luc Levesque Article suivant   Vous po...

Partir

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© Tahmino Je ne meurs pas Je me vaporise Je m'évapore Je me syntonise Dans l'espace Je m'efface Je m'appaire Au mystère Solaire Je me dissous Je m'absous Dans la Lumière D'avant la lumière Je ne m'éteins pas Je m'affranchis Des limites Je m'éconduis De mon propre mythe Je franchis Les frontières Corpusculaires Je regagne la source La création La grande dimension Je me canalise, me syntonise Je rentre à la maison Je ne m'en vais pas Je m'évade, je m'envole Je m'évanouis Éphémères évanescences Vers d'autres sphères D'autres essences Uni dans l'unique Confondu Ai-je assez aimé ? Assez coagulé Le particulier dans l'universel ? Ai-je besoin de juger Encore, de me jauger ? Ai-je encore besoin De m'incarner ? Je ne meurs pas Je rejoins le point de passage D'assemblage des images Plus loin que la matière Plus haut que les nuages La porte des âges Singulière singularit...

Mourir peut attendre

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© Grégory Colbert Le temps à venir est passé                 C'est la fin des préludes Il a charrié dans son vif torrent Le bouillonnement de l'insouciance Jusque l'océan des incertitudes                Qu'allons-nous devenir ? L'horizon s'est évanoui                Les jeunesses se sont envolées C'était le prix à payer Pour ce plongeon à vie éperdue Dans le tumulte des existences                 Il faut se faire une raison... Que restera-t-il de l'histoire Quand le souvenir aura disparu ?                Il restera la vie quelque part Il restera cette folle magie que la conscience Il restera l'enfance, il restera l'innocence Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/

Prisonnier

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© Judith Clay On ne se libère pas de la matière On l'épouse, on l'embrasse On l'ingère, on la digère On fait corps avec elle On l'habite, on l'expérimente On tâche de l'apprivoiser De s'y frayer un chemin On s'y révèle parfois On s'y perd souvent On y sommeille, on s'y réveille On y apparaît un jour Programmés d'amour On y grandit, on y vieillit Puis on s'en soustrait On disparaît, c'est ainsi On s'incarne jusqu'à la mort C'est le sort du corps toujours C'est la règle de la vie La seule échappatoire... La matière nous étreint depuis naissance Et nous transporte jusqu'à conscience En nous chantant tout le dérisoire De notre magnifique insignifiance On ne se libère pas de la matière On tâche d'y faire équilibre À la manière d'un artiste Tel un trapéziste sur un fil On tente d'en saisir le subtil On essaie d'y faire merveille Puis on la quitte subitement Comme on f...

La chair

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© Kim Joon C'est de chair que nous sommes faits, ma chère Issu de l'humus, de la poussière, nés de la terre C'est d'hérédité dont nous avons hérités Depuis les humeurs des premières amours De nos aînés, oubliés dans la nuit des os Des cheveux, des boues et des sangs séchés Dis-moi, c'est bien d’idylle que tu es née De semence, de liqueur, au cœur de l'humidité De plaisir et de passion dans la volupté ? C'est de lymphe dont nous sommes irrigués Divine nymphe, de sécrétion et d'affection De salive et de sueur, l'odeur de ta féminité C'est notre corps nu qui nous sert d'enveloppe La sève a transporté la lettre en toute facilité Dans les méandres de notre nature animale Au centre du chemin tracé par la fécondité : Durant des siècles et des éons d'évolution La vie a sculpté ce subtil sillon pour perdurer C'est de synovie dont nous sommes vivifiés Depuis la mer, première matrice nourricière Jusqu'aux eaux primordia...

La folie des grandeurs

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© DR Je n'aime pas les premiers Tu les vois, ceux qui sont prêts à te bousculer Prêts à te marcher sur les pieds Ils feraient n'importe quoi pour arriver Pourvu qu'ils soient les premiers "Pousse-toi de là que j'entre en scène !" C'est dans leur adn, c'est des sans-gêne Ils veulent être les premiers Les premiers au boulot Les premiers sur la photo Les premiers à briller de prospérité Les premiers à posséder Le nouveau truc, là, la vérité Peu importe la nature du machin-chose Ils veulent être les premiers à savoir Les premiers du ciboulot Les premiers sur la liste Les premiers partout, les premiers surtout Ils seraient prêts à te piquer ta place Ils ne se gênent du reste pas les rapaces Ça commence en classe les petits premiers Tu penses qu'avec le temps, ça va passer Mais non, plus ça passe, moins ça lasse Les grands premiers sont encore plus obstinés Que les petits, c'est comme une maladie Dont ils n'arriven...

Le voyage

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© Gabrielle Pacheco Si je m'écoutais parfois, je me quitterais Je me laisserais tout seul sur le quai Je partirais pour un voyage extrême Je m'ennuie tellement avec moi-même C'est terrifiant, je me fais tellement chier Ma propre compagnie arrive à m'exaspérer C'est dingue, je me donnerais bien congé Pour voir là-bas si j'y suis, voir de l'autre côté Je connais par cœur, c'est à désespérer Toutes les facettes de mon auguste sommité Je me fatigue, me désoblige, je me fais suer Que faire de tout ce temps qu'il me reste à tuer J'ai déjà fait le tour de la question mille fois C'est long toute une vie à passer avec soi Même si on s'aime, même si on s'apprécie Et puis que je sois là-bas ou bien ici même, C'est moi, je le sais, le seul et unique problème Alors quand je sens venir la mélancolie Moi qui me pratique depuis des décennies Je décide de m'oublier, c'est le médicament Le seul remède que j'ai t...

L'harmonie

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© DR Il faut guetter le courant d'air Il se fait souvent messager du sensible Il trahit le souffle secret de la création Celui qui fait émerger la lumière Vibrer la matière partout dans l'Univers Parfois, c'est la flamme des bougies Qu'il fait danser en catimini La pièce n'a pourtant pas de trouée Mais le message de l'ange est passé Il nous dit que la nature de l'esprit Est d'être immergé dans l'âme du monde Tantôt le souffle est puissant, insistant Mais le plus souvent, il est hésitant Comme s'il se faisait infime, presque intime Je crois bien qu'il veut rester confident Alors, quand par hasard tu l'as remarqué Tu te trouves désarçonné de ta réalité Car il faut bien se rendre à l'évidence Rien ne peut expliquer cette présence Ce mystère n'a d'autre source plausible Et tu le sais de manière infaillible Que la nature imperceptible de l'invisible Puis soudain, arrive un jour ou tu comprends Enfin ...

Raconter des histoires

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© DR Bizarre ce besoin incessant de parler Déverser sa soupe verbale, sa logorrhée C'est comme un besoin irrépressible de piailler De gazouiller, de chanter, de faire du bruit Peu importe le sujet du palabre, de l'argutie Il s'agit de dire sa présence, de célébrer la vie Les gens peuvent bavarder des heures durant Et patati, et patala, non mais t'as vu ce temps ? Tu crois vraiment qu'il va être président ? Et l'autre là, c'est comment déjà son nom ? J'aime pas parler, parler pour ne rien dire Tant de mots pour si peu d'entendement C'est comme quand tu te mets à écrire À quoi ça sert, qu'est ce que tu veux raconter ? Y a-t-il un message dans tes griffonages ? Pourquoi tu fais pas plutôt un beau coloriage ? Pourquoi pas une image plutôt que verbiage ? Tous ces mots pour un simple babillage Du papotage, ca tourne au caquetage Un gras galimatias, c'est rien que du blablatage Mais ça sert à ça, je crois, les mots p...

Identité

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© Matteo Pugliese Quelle est ton identité profonde ? Viens-tu d'un endroit singulier dans le monde Ou bien es-tu né là où tu es né Quelque part sur cette planète ronde ? Quelle est ton origine Quel est ton caractère ? Es-tu nomade ou bien sédentaire ? Un homme rustre que le cosmopolite fruste Un homme de terroir, un authentique rustique Qui es-tu ? Connais-tu ton extraction, ta filiation Connais-tu tes ancêtres Te sens-tu membre d'une communauté ? Tu te dis issu d'une race adoubée Irriguée d'un sang consacré Es-tu sûr de ta mythologie personnelle ? Comment es-tu arrivé jusqu'ici Connais-tu la migration de tes anciens ? Connais-tu les prémices de leur départ ? Es-tu chez toi partout Où seulement quelque part ? Tes pères se sont-ils battus Jusqu'au sang, jusqu'à étêtement ? Peut-être ont-ils perdu... la raison Au gré des vents sales de l'histoire Va savoir les mensonges de la mémoire Tes mères ont-elles fauté ? Il en suffit...

L'ennui

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© Egon Schiele Tu n'aimes pas les mots Dont j'use pour dire Et tu voudrais du rose Pour colorier ton monde Tu n'aimes pas la prose Dont j'abuse pour rire Et adoptes une pose morose Une moue furibonde Ça tourne à la psychose Ce besoin d'assujettir De tout contrôler à la ronde Les hommes tels des choses Dont tu crois disposer à loisir Tellement soumise à ta névrose Mais alors que dire De ces mèches blondes Et ta connerie profonde Pour taire le pire N'était la folle hypnose De tes fesses rondes À mon cœur défaillant À mon vit rutilant Contre le tien fouillant Et alors dégoulinant Pauvre de toi, chérie Vernie d'un beau délire Que ne sais-tu l'ennui Que tes parfums m'inspirent Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/  

C'est quand la joie ?

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© DR C'est quand la joie dans ta vie Quand décides-tu de ton bonheur ? A-t-il pignon sur ta rue ? L'as-tu rencontré ces temps derniers ? C'est simple, la vie, c'est toi Et des milliards de scenarii Un enfant qui passe L'innocence en délit As-tu ri aujourd'hui ? Dis-moi quel est ton script ? Y a-t-il des personnages amusants Des zigotos rigolos, des marrants Qui s'occupent de la lumière ? Tourne-t-on une scène aujourd'hui ? Regarde comme les filles sont jolies Tiens, en voilà une qui te sourit C'est simple la vie, c'est toi La joie, et parfois des intempéries Il paraît qu'il pleut cet après-midi As-tu pensé à prendre ton parapluie ? Quel temps fait-il dans ta tête ? Il fait beau ou bien... c'est p'tête la tempête C'est quand qu'on s'amuse, qu'on s'oublie ? Ta vie ressemble-t-elle à une comédie ? Est-ce toi le chef d'orchestre Peut-on parler avec l'impresario ? Qu'est-ce qu...

Je suis

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© DR Je suis... L'aube qui exhale les fragrances de la nuit Le froissement des draps sur ta peau Le ciel qui s'ébroue des lenteurs de la vie Je suis... Le silence qui se tait pour chanter la mélodie Des premiers troubles de la plaine engourdie Je suis les subtils émois de ton âme évanouie Je suis... Cet être qui accueille l'authentique magie Des premières lueurs de la nature endormie Sous un ciel qui scintille encore de la ronde Des mondes alentour, tous ces espaces promis Ces infinis palpables par la seule imagination Auxquels seul l'Amour donne poésie Il en est ainsi de toutes choses en harmonie Je suis ce qui est, je suis ce que je suis Je suis... L'exacte révolution de la Terre autour du soleil La parfaite courbure de tes hanches alanguies L'astre qui consume avec juste proportion Le temps de notre présence, la sublime rêverie Je suis... L'immensité préhensile des accords sensibles L'incommensurable de ta présence pal...

Humanimal

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© Thésée combattant le Minotaure,  François Sicard . Le voilà le dragon mythologique à terrasser Cet hydre machiavélique à têtes multiples ! Les revoilà, les êtres infernaux et diaboliques Cerbère, Léviathan, Gorgones, Erinnyes Cyclopes, centaures, satyres et autres harpies Toutes ces chimères légendaires, ces allégories Ces monstres fantastiques, ces sombres furies Figures symboliques de la psyché humaine À la fois meilleures amies et ennemies Telles les deux faces d'une même pièce Pour une seule et authentique tyrannie L'aliénation inextricable de l'égo ! Le voilà l'olibrius, l'homuncule vaniteux Le despote conformiste, prompt à discriminer Encenseur opiniâtre et accusateur méprisant Engoncé dans sa petite folie confortable Un amour incommensurable de lui-même Il est là, chefaillon comme on en connaît légion Prêt à tout pour conserver sa souveraineté Allant jusqu'à abandonner son autorité Si d'aventure son intégrité s'avéra...