L'opulence

© Lok Chiak
 











Aurais-tu pu vivre plus profonde plongée
Que cette immersion au cœur de la vie ?
Tantôt tu doutes de cette terne existence
C'est le poids des habitudes qui influence
Tu ne vois plus que la lumière éblouit
Tu ne vois plus le miracle, la magie
Tu as oublié l'énormité de la félicité
Le simple émerveillement d'exister
Car c'est bien une énigme que d'être né
C'est bien d'un prodige dont il s'agit
D'un phénomène, que dis-je, d'un génie 
Souviens-toi tes premières trépidations 
Le flot insensé et continu des signaux
Ton cerveau en alerte, en ébullition 
La fraicheur de l'air, le clapotis de l'eau
Les parfums du monde enfantin
Nous étions tous enivrés d'éternité
Médusés par l'infinité de la diversité
Nous ne nommions pas l'abondance
Ne possédions pas encore la science
Nous respirions, humions les fragrances
Et n'avions que faire de l'inventaire
Nous ne savions pas le voyage de l'univers
Nous étions en éveil du moindre signe
En alerte, le monde n'avait pas d'âge
C'était avant que le temps ne soit une ligne
Nous propulsant vers ce présage indigne
Avant que nous ne connaissions le cruel sort
La mort, comme unique issue à notre corps
C'était le temps béni de l'insouciance
Le temps de l'innocence, de l'indolence
Celui de la nonchalance, nos sens déployés
Tout entier dévolus à notre curiosité
C'était le temps magique de l'enfance
Le temps n'avait aucune importance
Il n'y avait que la vie, rien que l'existence
La vie, toujours la vie et notre présence
Souviens-toi, au beau milieu de l'opulence

Jean-Luc Levesque 

 
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