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Rouge indigo in vitro

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© Jean-Michel Basquiat "Palm Spring Jump", 1982 L'homme a deux pattes et un museau Deux oreilles et une bouche sous les naseaux Et dans sa tête, ma foi, dans sa tête, p'tête  P'tête bien qu'il y a un cerveau L'homme a deux pattes et un museau Il a parfois les yeux verts couleur d'eau Parfois il est beau, souvent il n'est pas jojo C'est pas important si c'est pas un nigaud L'homme a deux pattes et un museau Deux oreilles et une bouche sous les naseaux Il peut avoir plusieurs bronzages de peau Ça dépend s'il vit dans un endroit chaud Ou dans un endroit proche du zéro  Sauf pour les esquimaux Sauf pour les esquimaux ! Moi j'aime bien les esquimaux Surtout à la noix de coco L'homme a deux pattes et un museau Deux oreilles et une bouche sous les naseaux Et dans sa tête, ma foi, dans sa tête C'est bien souvent tout ramollo Parfois certains vermisseaux Se prennent pour des intellos Et tu vois ces mêmes zigotos S'imaginer su...

Pause

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© Yuefa Art Faire une pause Cesser la sinistrose Freiner le petit vélo Qui tourne en solo, là-haut  Sans qu'on ne lui demande rien Toujours là au quotidien Sur le qui-vive en arrière-ligne À l'affût du moindre signe Seul dans sa tour de contrôle À vouloir occuper tous les rôles Toujours à ressasser le passé À cataloguer, à hiérarchiser  À envisager un futur en déconfiture Un avenir de gloire, ô célébrité ! À projeter je ne sais quelle gageure Toujours à défaire ou à reconstruire Les histoires passées, les histoires en devenir À partir en sucette à la moindre occasion  Ce mental qui n'en fait qu'à sa tête Qui nous dit s'il faut rester ou bien s'enfuir  Pétri de stress face aux faciès Qui t'intime quoi faire, quoi qu'il se passe Où que tu ailles, quoi que tu fasses  Qui tient le gouvernail, toujours au travail Qui examine, qui mouline, qui imagine Qui te dit s'il faut avoir peur ou être en paix Obsessionnel du gardiennage Toujours aux aguets  Siphonné ...

S'envoler

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© Sebastiano Cartomante C'est peu dire que nous perdons chaque jour Un jour à vivre, un peu de temps pour rire Quelque occasion de palpiter, de frémir Il en faut du courage et de l'insouciance  Pour chanter le bonheur devant l'échéance De nos vies, malgré ce corps devenu lourd Penchant vers la terre, encore et toujours  Et les ans s'entassant jusqu'à crue certitude Prélude de cette mort qui, au lit des trépas Sourire après sourire, soupir après soupir Se rit de nos rides à nu et pas après pas Engloutit nos illusions d'infinie jeunesse Il faut avouer que jusqu'hier, en liesse Nous nagions parmi les eaux d'éternité  Portés par le torrent survolté des années Bouillonnantes, nous ne savions pas la hâte Avec lequel l'amer s'empare de nos prostates Et nous rend impuissants devant l'évidence Nous avons vieilli, voilà l'épaisse vérité L'étonnante vérité, comme surpris, ébahis Par tant de précipitation, nous voici ahuris On nous l'avait po...

Ne pleure pas

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© Valerhon Ne pleure pas mon enfant Tu sais très bien que je ne reviendrai pas C'est la règle du jeu que de partir C'est la règle du "je" que de mourir Je n'allais pas rester là indéfiniment Il fallait bien faire de la place aux suivants Ne pleure pas mon enfant Je sais, la mort du corps ça fait souffrir Mais l'âme hors du corps, quel plaisir  On pleure parce qu'on ne se reverra plus Douleur infinie que l'amour disparu Je sais, la béance dans ta poitrine nue Il ne nous reste que notre foi pour croire Qu'on se retrouvera ailleurs, ou pas... En Amourie, ou bien... encore en Absurdie C'est la punition céleste pour avoir été C'est la malédiction pour avoir croqué L'énorme pomme de la connaissance Nous l'avons dévoré jusqu'au trognon Cette existence, putain, quelle expérience Nous aurions pu vivre sans conscience Comme d'intrépides endormis en souffrance  Persuadés de l'illusion des contes de fée  Je ne leur jette pas la pier...

Tête à l'envers

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Je marche la tête à l'envers Les yeux ouverts vers l'éther Le mental en mode stationnaire Les affaires de la Terre m'atterrent  Ce doit être l'attraction céleste qui conteste Tu as vu comme la misère est funeste Et comme la haine est ensorcelante Au pays de l'Absurdie hurlante Qui aligne ses martyrs au pas de tir Comme on joue aux dominos pour se divertir Combien de vies pour que la magie opère Combien de morts pour qu'ils s'appairent À la lumière, à l'information de l'Univers Qu'ils s'alignent, qu'ils se repèrent Et commencent à rêver juste, juste rêver vrai Les yeux ouverts, la tête à l'envers À une vie meilleure, à une vie de douceur Juste rêver à une vie de bonheur Renverser la vapeur du malheur Et agir de désirs sur l'avenir Je marche la tête à l'envers J'abdique ma couronne de Jupiter Je me range du côté de l'univers Définitivement, je dépose les ronces Absolument, je capitule, je renonce L'amour est ma seule...

Rien

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© Jean-Luc Levesque C'est une journée étrange que cette journée, tu voudrais bien faire quelque chose, mais tu n'y peux rien, tu restes là à attendre que rien ne se passe afin que rien ne vienne déranger l'inaction dans laquelle tu te loves jusqu'au menton, comme lorsque tu t'engonces dans un épais duvet moelleux par un temps de chien. Tu ne bouges pas, sinon les orteils en signe d'une satisfaction profonde. En réalité, c'est ton corps qui a pris le pouvoir et qui te dit merci de lui laisser les commandes. Il t'a posé, là, dans un fauteuil à l'ombre d'un parasol sous le gazouillis des hirondelles et tu as obéi à son initiative, comme ensorcelé par une prise de pouvoir si péremptoire. Tu ne t'es pas non plus, il faut bien l'avouer, beaucoup débattu.  Te voilà donc tranquillement installé à l'horizontale, en position de croisière, prêt à affronter le temps qui fait semblant de s'éterniser. Tu voudrais profiter de l'instant pour ...

Vacataire

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© Miss Penelop Nous sommes de passage À jamais locataires  Pour toujours vacataires Sur cette terre de mystère Ainsi, font font font Trois petits tours et puis s'en vont Les petites marionnettes  Poupées de coton Que nous sommes en somme  De crépon, de mignonnette Nous sommes de passage Le temps d'un voyage Sur la route des âges Avant que ne soulage Le repos du sage Après toutes ces vies vécues Ces morts échues  À côtoyer l'amour et son contraire  Réunis sur une même terre Dont certains va-t-en-guerre S'affairent à faire l'enfer Sur un paradis en jachère On ne leur a pas chanté de comptines À ces poupons lorsqu'ils étaient poupines Pas de couches, de tétine pour Poutine Pas de faribole en sourdine Pas de mignon flonflon, pas de cavatine C'est comme s'ils étaient nés Surannés, déjà vieillis, décrépis Aimés par des mères amères C'est comme s'ils étaient nés À contre sens du sens de la vie, Tombés d'un précipice Issus de l'orifice du vice De...

Virgule astrale

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© The Clayshaper, collage numérique Un instant Juste un instant Une seconde Une virgule astrale En pointillé de nos vies suspendues Au fil de nos âmes perdues De nos amours éperdues Avec la solitude tel un nuage Comme unique bagage  Comme seul barrage À la lumière extérieure Qui, petit à petit, s'efface Pour faire face à celle Intérieure, qui veille Tel un astre de vermeil  Attendant notre éveil Pour nous inviter au spectacle  De l'incroyable miracle Tu as vu la merveille ? L'expression du vivant Toi immergé dedans Inondé de molécules Dans un bain de particules Traversé de part en part En plein milieu du hasard  Avec l'espace comme liant Et l'univers comme contenant Vivant, libre de sentiments Vibrant ton futur à venir Ivre d'amour jusque défaillir  Presque, au ballet de la beauté Qui déroule sa féerie  Sous tes yeux ébahis  Tu ne vois pas ? Alors regarde Tu ne sens pas ? Alors respire Regarde et respire C'est pourtant là tout autour Offert à tous et e...

Le mal

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© Roger Ballen Il doit être congénital le mal  Pour être si banal, si normal Ce doit être une manie, une maladie Dont nous serions frappés  Par mimétisme, par symétrie Le mal est un mystère  Sitôt qu'un congénère le génère En guère plus d'un éclair  Nous voilà devenus venimeux Vipères, à obéir au réflexe grégaire  A céder à la violence ordinaire Jusqu'à reproduire la folie meurtrière Mordre pour tordre le pervers haineux L'enfiellé qui a brisé la paix si précaire Quand un affreux sème la haine Se croyant le plus teigneux des hargneux J'ai envie de faire goûter à la lavette Le tranchant effilé de la machette Qui va trancher en deux sa face de scélérat  Pour qu'il se perde, la misérable crevure Dans un magnifique flot d'éclaboussures Non, le mal n'est pas si loin, vraiment Là, juste là, à peine dissimulé  Lave visqueuse et ensorcelante, patientant Tout près de la gueule du volcan Pour déverser l'énormité de sa cruauté Au visage de la pureté immaculée S...

Ca se passe dans l'espace

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© Jane Ray Je suis connecté à l'Univers Et par mes yeux entrouverts Naissant à mon authentique identité Je vois l'invisible lumière Inonder de l'éther à la Terre Tel un souffle extraordinaire La somme des hommes ordinaires Dont tu es un diamant d'imaginaire C'est toi que je vois en moi, solitaire Et dont je ne retiens que la beauté Par la grâce enivrante de l'altérité Ton regard trahissant, telle une œuvre d'art La beauté insensée de toute la création C'est l'entière totalité qui est perfection Et notre ridicule identité qui fait brouillard Au spectacle de l'opulente prodigalité  Entends-tu les arbres chanter ? La muette célébration de tout le vivant ? C'est la promesse d'une messe, une caresse De la nature qui te murmure ta pureté Depuis l'aube des origines, cette perfection Dont tu es le magnifique achèvement La création, depuis toujours, n'attendant Que ton intime acquiescement C'est ainsi par la subtile magie des sens Que ...

Verbatim

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© Noel S Oswald Viens Entre Regarde Observe Contemple Embrasse Admire  Le présent de l'existence en puissance Viens Hume Goûte Bois Savoure Déguste Dévore  Le festin de la vie qui te convie Viens Touche Palpe Caresse Enlace Empoigne Étreint  L'altérité qui te révèle ton identité  Viens Discerne Découvre  Déchiffre Apprends Comprends La lumière et l'origine du mystère  Viens Deviens Grandis  Raisonne Déraisonne Use Abuse Du verbe pour exprimer ta complexité  Jean-Luc Levesque   Article suivant     Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/

Le chaos

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© DR C’est le chaos dans sa tête qu'il projette Sur cette planète où il ne voit que douleurs  Le misérable analphabète de cœur  Il appelle "monde" le théâtre de ses peurs  De ses défaites et du bout de sa lorgnette  Ne voit que pleurs, heurts, malheurs Dont il accuse l'autre là, d'être l'auteur Il voudrait que chacun partage sa rancœur La boursouflure, la dégoulinure Il jacasse à tort et à travers, il tempête Dans les médias, les télés, les gazettes Il voudrait mettre la main sur le pouvoir  Prendre enfin sa revanche de pantomime L'apeuré attardé par son mental de victime Il nous asperge de ses anxiétés, le couard De sa psychose du grand remplacement Le craintif, le maladif, sombre caricature Du facho, doublure de réac sans figure Il imagine laisser son nom dans l'histoire De l'humanité, gueule ouverte tel un urinoir À ravaler sa haine de franchouillard voûté  Je pisse à la raie de ce bouffon de trouillard Et conchie tous ces polichinelles politica...

Le mystère

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Kew Gardens London © DR Voici le mystère qui alimente La lumière irisant nos corps éparpillés        Tu pourrais ne rien voir      Tu pourrais ne pas avoir été     Être sans même savoir     Que tu es, là, éclairé d'identité      À te questionner sur ta réalité Tu pourrais n'être qu'une simple créature  Juste une nourriture, une fioriture Sans conscience, sans figure Une enluminure façonnée par la nature Programmée pour je ne sais quel augure Cependant tu es là, armé de tes sens Dans un espace qui t'invite à la danse Ce vide que tu remplis de ta présence Et que tu penses sans importance Exempt d'essence et donc de sens Crois-tu ! Car avec un peu d'insistance Et de renoncement à ta propre substance  Tu comprends que l'espace est omniprésence Sans lui, pas de possibilité d'existence Sans lui, point d'altérité, point de consistance C'est dire la totale méconnaissance De l'espace que l'on juge sans importance Pas...

Respiration

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© Je an-Luc Levesque  Sens-tu la terre qui respire ? Cette fraîcheur qui se pose doucement sur tes épaules ? Entends-tu les rouge-gorges chanter ? La pie qui jacasse ? Vois-tu les chats qui s'étirent ? Ce couple de tourterelles qui roucoulent dans le verger, ce jeune lapin de garenne qui bondit dans la prairie ? C'est bientôt l'heure du lâcher prise, une grande fête se prépare... Les canards profitent de l'heure tardive pour rejoindre la mare d'à côté, leur formation ne vole pas très haut dans le ciel, presque en rase-motte. L'humidité enrobe subtilement l'air. Te voilà plongé dans un bain de fragrances, tes narines frémissent, tes poumons se gonflent, ton cerveau s'embrase cherchant à identifier tous les stimuli. Les animaux vont bientôt se laisser aller à leur folie, ils vont célébrer en apothéose le point ultime de la journée.  Tous tes sens s'éveillent. Cependant, la nature t'invite à la solennité, elle te convie au calme et à l'écoute. C...

Mégalomanie

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 © DR Moi, être divin, né souverain à l'âme pure, je déclare avoir accompli les phases et cycles nécessaires à mon enseignement, je sollicite les qualités divines qui sont miennes et auxquelles j'ai le droit. Je m'affranchis de tout karma illégitime, dissous et épure de mon âme originelle, toutes âmes, essences, influences et scories qui s'y rattachent, ceci, en tous lieux, en tous les mondes, en tous les plans et en tous les temps. J'exige des entités, consciences et intelligences, qui ont procédé aux modifications de mon être originel, qu'elles me restituent sans tarder toutes énergies, toutes matérialités, toute santé, toute abondance, toutes connexions, tous bénéfices qui m'ont été soustraits et dont j'ai été ainsi privé au cours de mon existence et d'autres existences éventuelles de vie ou de mort. J'exige que toute entité ayant usé de manœuvres, de manipulations ou de tromperies et ayant contribué à me nuire, soient contraintes de re...

Être

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© Antonio Mora Être un être étrange Être un ange Être un être en or Avec un corps comme trésor Être d'or Être une orange Être un soleil S'appeler Solange Être un ange Une mésange  Être une lettre Non, pas une enveloppe De chair sans destinataire Être une lettre Une lettre d'amour Pour l'âme d'un être Naître un beau jour Naître d'amour Être un poème Être un être qui aime Un être fait de peau Un être fait d'eau Être un être sur Terre Accoudé à la fenêtre Tout en haut, là-haut À l'envers de l'Univers Être un verre Un verre rempli d'eau Un être de verre* Qui rend à la source Qui rend à l'Univers Quelques vers de nectar poétique Quelque élan prosodique Quelque musique Être un être Un être unique Fait de matière Fait de lumière  Un être ouvert Ouvert au vent Transparent Être un être  Un être en mouvement Un être aimant Un être qui attire L'amour Comme un aimant Jean-Luc Levesque * Anne Kritter "Et pourtant, j'aime la vie", Edition...

Mélancolie

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 Moon Eclipse sculpture, Mike Fields Tu la sens monter la mélancolie Qui s'insinue petit à petit Dans tous les recoins de ton ennui  Cette lèpre qui t'englue dans la griserie Cette maladie qui crie l'absurdité de la vie Et pourrit le monde de couleurs vieillies Même la lumière paraît lugubre, ternie Même les filles ne sont plus jolies On dirait qu'un voile s'est posé sur Paris Putain, ça y est, voilà que c'est reparti  La navigation au crépuscule, à la bougie On dit la bougie présence de l'esprit Mon cul, elle ne fait danser que les furies Dans ma tête défraîchie, là, sous la pluie Hostile, qui tape mon front dégarni Oui, c'est que le temps passe, mon ami Le temps ne fait pas de chichi, lui Il dévore tout, l'ogre, avec appétit Même les petits enfants chéris Même les soleils, même les infinis C'est une maladie de ne voir que le gris Partout où ton cafard pose ses yeux rougis  Une saloperie qui te cloue au pilori Une atrocité, une indignité, une in...

Le genre

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Freepik © DR C'est un homme qui aime les femmes Une femme qui aime les hommes C'est un homme et une femme Qui aiment aussi bien l'un que l'autre  C'est un homme qui se sent femme Une femme qui se sent homme Ils aiment soit les hommes, soit les femmes  Ou bien les deux, qu'importe la somme  Puisqu'ils aiment, qu'importe la norme Ce sont des hommes et des femmes Qui ne sentent ni femme, ni homme Leur identité n'est pas genrée Ils n'ont pas besoin de l'autre pour exister C'est comme s'ils étaient déjà nés comblés Tout entiers d'unité, remplis, rassasiés N'éprouvant pas le besoin de chercher L'autre à tout prix pour se révéler  Nous sommes des femmes et des hommes Des sieurs ou des dames, où est le drame D'être né d'un genre indéterminé  Et de n'être pas celui ou celle, désiré(e)  Pour exprimer la diversité de l'humanité   Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : ht...

Kaleïdoscope

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© Assumption of the Virgin, Cathedral of Parma, Antonio da Corregio (1526/1530)       L'univers est un prétexte Rien qu'un prétexte        Un stratagème architectonique     Une mystification quantique      Pour ne pas rester seul, unique   Tu vois de qui je veux parler C'était juste après le verbe et ses lettres nombres        L'alphabet patientant      Dans le vortex matriciel     Juste après le souffle originel L'énigme de la grammaire Qui libère des ténèbres            Impeccable mathématique !     Inatteignable ordonnance    La lumière écarquillée Et les dimensions de l'espace infini Nous ! Lovés à l'intérieur          En a ttente de naissance        Aux sens démultipliés     De la matière incarnée       Combien ?  ...

Ensemble

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 Ventanas Solstas ©DR           On ne mesure jamais assez le bonheur d’être ensemble. C’est peut-être parce que nous n’avons jamais éprouvé la solitude, la vraie. Celle qui nous cloue sur la croix de l’instant et nous étreint de son austérité silencieuse et glaciale, pour nous rejeter, tel un dieu déchu d’altérité, dans un impeccable abandon, retranché pour l’éternité en une immuable réclusion avec nous-mêmes. C’est comme un froid perpétuel qui vient creuser dans nos ventres un précipice insondable au bord duquel nous sommes pris d’un vertige sidéral. Je pense souvent aux êtres chers partis seuls dans la nuit des temps et j’ose à peine imaginer l’océan de désespoir qui a présidé à leur départ. Certains ont même choisi les griffes tranchantes de la mort face au vide absolu de la vie. Seuls, absolument seuls, irrémédiablement seuls jusqu’à mettre fin au lancinant supplice de leur agonie pour choisir la mort comme unique délivrance. C’e...