S'envoler
© Sebastiano Cartomante C'est peu dire que nous perdons chaque jour Un jour à vivre, un peu de temps pour rire Quelque occasion de palpiter, de frémir Il en faut du courage et de l'insouciance Pour chanter le bonheur devant l'échéance De nos vies, malgré ce corps devenu lourd Penchant vers la terre, encore et toujours Et les ans s'entassant jusqu'à crue certitude Prélude de cette mort qui, au lit des trépas Sourire après sourire, soupir après soupir Se rit de nos rides à nu et pas après pas Engloutit nos illusions d'infinie jeunesse Il faut avouer que jusqu'hier, en liesse Nous nagions parmi les eaux d'éternité Portés par le torrent survolté des années Bouillonnantes, nous ne savions pas la hâte Avec lequel l'amer s'empare de nos prostates Et nous rend impuissants devant l'évidence Nous avons vieilli, voilà l'épaisse vérité L'étonnante vérité, comme surpris, ébahis Par tant de précipitation, nous voici ahuris On nous l'avait po...