Lulu
L'Ortolano (tableau réversible) Giuseppe Arcimboldo, 1590. |
Tu es handicapé par ta mocheté
Encapsulé dans le miroir de toi-même
Te questionnant sans arrêt
Quant à l'irrégulier de ton aspect
Miroir, méchant miroir
Suis-je toujours l'exact reflet
De l'image que je me fais
Beuh... de moi-même ?
La réponse est toujours la même
Toujours là !
Ma petite gueule
Toujours là !
Je bouge pas, mon Lulu
Fidèle comme une verrue
Pourquoi tu t'en fais
N'était...
Ce corps mal foutu
Et cette tronche en biais, t'as vu
Au chapitre du bel esprit
Tu pourrais avoir matière à crânerie
Si tu ne te regardais pas le nombril
Te dévisageais de travers, de profil
Qu'est-ce donc que ce renifleur
Fichu là, en plein milieu de ma laideur ?
Tu te voudrais la répartie de Cyrano
Faire du mépris source de brio
Mais tu n'as pas l'âme d'un comédien
Ce matin, tu es d'une humeur de chien
Qui serais-tu, mon Léon
Si d'un coquet, tu avais l'aspect
Céleste, certes, tel un apollon
Mais sot comme un plumeau
À essuyer les postillons des bravos
Et t'enivrer de la frivolité
D'idiots idolâtres en pamoison
Devant ta si parfaite symétrie ?
Serait-ce toi, ou bien tes proportions
Que ces frivoles consommateurs
Éclabousseraient de superficialité ?
Tu sais bien que, passée l'heure
Sitôt constatée, sitôt anéantie
Toute beauté s'évanouit, c'est fini
Sitôt admirée, sitôt fanée
On ne peut s'abuser toute l'éternité
À moins que de n'avoir été égaré
Par une gratifiante apparence
Tu ne te sois tôt réfugié dans la distance
D'avec toi-même et que d'élégance
Tu aies finalement maquillé ta différence
Sous ce qui fait ton charme, mon copain
L'humour, qui est d'ordinaire ton humeur
Jean-Luc Levesque
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