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Affichage des articles du avril, 2021

Désamour propre

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© Stephen Gesell Il est seul Seul avec lui-même Rendu à sa nudité Dépouillé des autres Déshabillé d'altérité   Il est seul  Seul avec son ennui Réduit de dépit  Désespéré à force d'espérer  Qu'on vienne le distraire    Il voudrait juste s'oublier un peu Il voudrait regarder ailleurs  Qu'on lui montre par le cœur Un ailleurs possible Autre que lui-même Il voudrait juste qu'on l'aime Il voudrait qu'on le libère  Mais il n'y a personne pour lui dire Que ce n'est pas vers l'extérieur Qu'il faut se tourner Il est seul Avec pour seul ennemi Son immense présence irradiant  D'une étincelante austérité Lui, déshérité de nuances    Seul Seul, parmi les froides étoiles À scruter le vide de sa propre vacuité Macérant dans son entêtement Et son impeccable obscurité Il est seul Avec le blâme d'autrui pour anesthésier Les assauts cinglants d'un vide vengeur Il est seul, avachi de lassitude  Claustrophobe de lui-même Il voudrait qu'on l...

Ricardo !

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©DR Comment as-tu pu devenir aussi con Mon bon compagnon ?  Tu n'étais pas des plus lumineux, je me souviens Je ne brillais non plus de mille feux, j'en conviens Mais le temps a fait son œuvre Charriant son lot d'épreuves Et les angles de ma connerie La culture en contrepoint Se sont petit à petit arrondis J'ai fini par gagner quelques points  De raison à défaut d'excellence De présence sinon de clairvoyance Mais alors toi, mon garçon Tu as accompli cette performance Inouïe de régresser en intelligence Qu'est-ce donc, quelle affliction, la boisson Ou je ne sais quelle autre dépendance Qui t'a fait t'abîmer en décadence ? Quel abattement, quel renoncement T'a fait sombrer dans le néant ? Quelle détresse, quelle lâcheté t'a piqué Pour te faire ainsi céder à la médiocrité ? Car, c'est bien de faiblesse dont il s'agit Que de rêver l'humanité en catégories ?   Aurais-tu oublié le parcours des anciens Rassure-moi, tu ne penses pas être pur ...

Lâcher prise

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© Grégory Colbert Lâcher prise et mourir Mourir de sa petite mort Se soustraire au contrôle  Du mental et changer le rôle De l'esprit qui s'affranchit  De toutes les analogies Et des réflexes appris Arrêter d'analyser Abandonner son identité Et goûter l'espace augmenté  Les sens clairement déployés D'un univers enchanté Louvoyer parmi les eaux célestes À côtoyer de quiétude Avec l'amour pour seul geste Là, au cœur de la plénitude L'immanente onctuosité De la permanente êtreté  Combien sommes-nous-je Fils de matière libérés  À s'être aventurés au jeu De l'inflation des réalités Pour embrasser l'immensité  De l'Unité d'avant la dualité ? Combien sommes-nous-je Délivrés de nos cachots de peaux De chairs et de perceptions Nous, Maîtres des sensations À avoir aboli la frontière du réel  Pour approcher le mystère originel  De la conscience émancipée De son humanimalité ? Combien sommes-nous-je À nous être affranchi de la forme À avoir franchi l...