Béatitudes

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Né pour mourir
Ça vaut bien une légende 
Sinon à quoi ça pourrait servir ?
Être puis disparaître

Avoir été...
Nous, déjà révolus sitôt apparus
De joies et souffrances confondues

L'unique vérité de toute vie

Virgule astrale de temporalité 
Ensommeillée de souvenirs
Éployée de désirs 

Se saupoudrant de vertu
S'escrimant à se justifier

On voudrait se vêtir d'impeccabilité
Être du bon côté de la lumière
Briller de mille feux

Qui sommes-nous-je ?

Passages obligés 
Où nous n'étions pas sages, obligé !

L'impossible perfection
Et les petits arrangements
Avec les inclinations

Sacerdoce pour un sac d'os
La chair est précaire 
Et ses appétits velléitaires

Tu sais bien, petit
Ou alors, t'as rien compris 
Que c'est l'amour qu'on poursuit
Toujours, partout, tout autour
Dans l'immensité du jour
Et les draps de la nuit
Où enfin, on s'oublie

C'est de là qu'on vient
Non pas de la nuit, petit !
De la lumière, mon frère
Rien ne vient jamais de rien, toujours

Mais on est emprisonné 
Engoncé dans l'idée erronée 
Qu'on se fait des autres, de nous-mêmes

Il suffirait pourtant juste de faire une pause
Se déserter, s'oublier 
Pour chasser la solitude
Qui nous tient en précarité
D'absolue fraternité

La dualité désagrégée 
On verrait alors...
L'unité scellée en toutes matérialités

Las, nous sommes des êtres individués
Aveuglés par l'illusion de nos originalités
Pauvres de la somme de certitudes
Accumulées que nous sommes

À se regarder de trop prêt
On se perd de vue
On s'éblouit 
C'est ainsi, petit
C'est ainsi que nous sommes
Hypnotisés par notre propre charme

Tu verras petit
Une fois achevé
Le tour complet de tes qualités
Et arrondi l'angle mort de tes défauts 
Assagi par une vie bien remplie 
Tu pourras enfin
Si enfin tu t'aimes
Te reposer de toi-même 

Miroir, mon beau miroir

Jean-Luc Levesque
 
 
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