Perplexités

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À quoi ça rime toutes ces rimes ?
Tous ces mots futiles semblent inutiles
Tu as vu comme les humeurs fluctuent
Tu voudrais prolonger le goût du bonheur
Rester en délices, demeurer en saveur
Ne jamais perdre de vue cette douceur
Qui t'enrobe de ses subtilités impromptues
Lors des rares moments où tu t'oublies
Tes sens se berçant du Magnificat
Le mental repu par cette aubade délicate 
Alors que le temps s'étale, distendu
Que le soleil s'étire tendrement à l'horizon

Tout semble parfait, engourdi de coton
Quelques étoiles commencent à clignoter
Un merle entame son cantat à l'espace béni 
Tu voudrais pouvoir te prélasser à l'infini
Au milieu de cet intervalle de pure félicité
Tu voudrais te délester de tout ton arsenal
Abandonner ta bruyante quincaillerie mentale
Mais la paix ne se laisse pas apprivoiser 
Elle est retors la bougresse, animale
Sitôt que tu crois l'avoir enfin capturée
L'anguille te file, mutine, entre les pattes
Elle te grille la politesse, elle se carapate

Diable que c'est compliqué d'être lumineux
Il y a un beau salaud là-haut, un ténébreux 
Qui ne veut pas se contenter de délices 
Il n'en fait qu'à sa tête, le sac à malices 
Des fois qu'il perdrait sa place de premier
Il prend un vil plaisir à te voir t'employer
Avec ces chimères de Don Quichotte
À t'observer estoquer des moulins à vents
Faut dire que ça souffle dru au sommet
Il y a du monde, une meute de coyotes
À l'affût du moindre de tes égarements
Prêts à ricaner de te voir faire le tourniquet 

Et pister ta derviche jusque dans le désert 
Les charognards ! Te pousser à épuisement
Jusqu'à ce que tu lâches le commandement 
Pour dévorer tes éphémères ravissements 
Et t'inoculer, au gré de leur royal festin
Pensées confuses, souillures délétères 
Vaine masturbation mentale, toi, vaincu
Ballotté sur un mer en furie tel un clandestin
En quête d'un eldorado où poser ton radeau
Il faut tenir bon la barre, camarade matelot
Pour ne pas chuter de ton bateau de félicité
Et te noyer parmi ce flux de méli-mélo

De voix superficielles, d'huées entremêlées
Tu as vu comme les hommes s'embrouillent
Tout ce bruit, toute cette fureur, cette souille
Comme ça pue l'ego dans ce tripot !
Bordel, difficile de ne pas perdre équilibre 
Face à ces inconscients, pauvres d'esprits
Se voyant tellement évolués, les suffisants
Miroir, mon beau miroir, le bel étourdissoir
Déversant à l'air pur leurs entendements
Malodorants, nourrissant, sûrs d'être libres
Les égrégores d'une civilisation aveuglée
Par ses propres formes pensées resucées

Et les vieux démons de reprendre du mépris 
L'autre là ! L'abominable, le détestable
Tous responsables, tous coupables !
"N'ont qu'à retourner chez eux, ces gueux !"
Et les réseaux de relayer la supercherie
De brosser le pisseux dans le sens du cheveu
Ah, mais va falloir ressortir le pistolet à cons
Leur ingurgiter quelques cours d'histoire
À ces incultivés, ces indéfrichés du citron
Par défaut, leur étanchéifier le crachoir
Qu'ils ferment à jamais leur claquoir croupi
Va falloir aiguiser la rapière, sortir le fusil 

Que diantre ! Foutez le camp démons pourris
Avant que je ne sombre dans une fière folie !
Que je ne me mette à escagasser vos abattis 
Tailler dans le gras, hacher menu vos vertus
Vos puretés d'origine, d'abâtardés parvenus
Diable que c'est compliqué d'être impassible 
Quand tu vois les manœuvres si prévisibles 
De tous ces boucans claironnant leur futilité 
Aux oreilles d'oisillons guettant la becquée
En carence d'esprit pour apprécier la vie
Horla les charlatans ! Les condescendants !
Le sporadique atrabilaire vous applaudit

De dépit ! De dépit ! Voilà le soleil qui rougit

Jean-Luc Levesque
 
 
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