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J'aime

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© DR J'aime les interludes Les intermèdes,  Les entretoises Les entrefilets Les incertitudes  Tout ce qui se trouve entre Les entredeux  Ce qui fait "reliance" Qui fait signifiance  Qui fait le pont Les petits mots de liaisons Les traits d'union Les parenthèses L'esperluette en vedette  Même les points de suspension  Tous ces mots pleins d'ailes  Les hirondelles dans les venelles Et leurs ritournelles de bagatelle Ta présence essentielle À mes sens sous tutelle  J'aime les insignifiances Les banalités, les modicités  Tout ce qui ne fait pas gravité  Les inconsistances, les futilités Et même tes subtiles frivolités Tes rires sans consistance  J'aime le ridicule Ce qui paraît inutile Le sans objet, le futile Ce qui paraît minuscule Tout ce qui ne fait pas évidence  Ce délicat grain de beauté Là, posé sur ta moue Une virgule en aparté Une mouche d'apparat  Une touche de subtilité Juste pour faire joli Pour faire sens Pour dir...

Altérité

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© Dali, Ascension (1958)   Tu choisis l'adversité plutôt que l'altérité Toi, le détenteur de la mentale salubrité De ceux qui font le toit de l'humanité  Toi, le vertueux, l'homme fait de charité Celui qui se voit porteur d'exemplarité L'homme qui porte haut la voix de la vérité Tu choisis l'adversité plutôt que l'altérité Toi, dis-tu, désintéressé par la popularité Alors au sommet de la vulgarité  Quand tu œuvres pour rester en célébrité Seule condition de la prospérité De celui qui jure sur l'honneur sa probité Tu choisis l'adversité plutôt que l'altérité La disparité plutôt que la complémentarité Ne vois-tu pas la dérisoire précarité Dans laquelle tu as placé ta sécurité Et cette implacable obscurité Qui fait le lit de feu ton intégrité  Tu choisis l'adversité plutôt que l'altérité Je ne peux t'en vouloir d'une telle médiocrité C'est l'instinct de survie qui fait autorité Chez l'homme qui prône sa supériorité Et...

Mort

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Hisu Lee & Kathrin Spickermann ©DR Il est mort au beau milieu de sa vieillesse La belle l'a enveloppé d'une étrange caresse  À l'heure exacte où l'horloge sonne  Pile aux douze coups de midi Échoué là, seul, au bout de la vie Sans mot dire, sans gémir Sans rien dire à personne Il est parti sans laisser d'adresse Abandonnant tout, jusque sa jeunesse  Comme pour s'excuser d'avoir tant vécu Il a respiré une dernière fois, puis il s'est tu En toute discrétion, en toute politesse Ces derniers temps ne transpiraient pas l'allégresse Il planait comme un air de fatalité Une espèce de lourd nuage sur l'humanité Il avait l'impression d'avoir déjà connu Ces périodes assourdissantes de détresse  Quand le sort s'acharne sur nos têtes nues Quand le soleil ne brille plus comme avant Que les couleurs ont vieilli subitement C'est parmi ces ciels jaunis, ces vents délavés Que l'homme est parti sans se retourner  Laissant aux jeunes, la tâch...

Désamour propre

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© Stephen Gesell Il est seul Seul avec lui-même Rendu à sa nudité Dépouillé des autres Déshabillé d'altérité   Il est seul  Seul avec son ennui Réduit de dépit  Désespéré à force d'espérer  Qu'on vienne le distraire    Il voudrait juste s'oublier un peu Il voudrait regarder ailleurs  Qu'on lui montre par le cœur Un ailleurs possible Autre que lui-même Il voudrait juste qu'on l'aime Il voudrait qu'on le libère  Mais il n'y a personne pour lui dire Que ce n'est pas vers l'extérieur Qu'il faut se tourner Il est seul Avec pour seul ennemi Son immense présence irradiant  D'une étincelante austérité Lui, déshérité de nuances    Seul Seul, parmi les froides étoiles À scruter le vide de sa propre vacuité Macérant dans son entêtement Et son impeccable obscurité Il est seul Avec le blâme d'autrui pour anesthésier Les assauts cinglants d'un vide vengeur Il est seul, avachi de lassitude  Claustrophobe de lui-même Il voudrait qu'on l...

Ricardo !

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©DR Comment as-tu pu devenir aussi con Mon bon compagnon ?  Tu n'étais pas des plus lumineux, je me souviens Je ne brillais non plus de mille feux, j'en conviens Mais le temps a fait son œuvre Charriant son lot d'épreuves Et les angles de ma connerie La culture en contrepoint Se sont petit à petit arrondis J'ai fini par gagner quelques points  De raison à défaut d'excellence De présence sinon de clairvoyance Mais alors toi, mon garçon Tu as accompli cette performance Inouïe de régresser en intelligence Qu'est-ce donc, quelle affliction, la boisson Ou je ne sais quelle autre dépendance Qui t'a fait t'abîmer en décadence ? Quel abattement, quel renoncement T'a fait sombrer dans le néant ? Quelle détresse, quelle lâcheté t'a piqué Pour te faire ainsi céder à la médiocrité ? Car, c'est bien de faiblesse dont il s'agit Que de rêver l'humanité en catégories ?   Aurais-tu oublié le parcours des anciens Rassure-moi, tu ne penses pas être pur ...

Lâcher prise

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© Grégory Colbert Lâcher prise et mourir Mourir de sa petite mort Se soustraire au contrôle  Du mental et changer le rôle De l'esprit qui s'affranchit  De toutes les analogies Et des réflexes appris Arrêter d'analyser Abandonner son identité Et goûter l'espace augmenté  Les sens clairement déployés D'un univers enchanté Louvoyer parmi les eaux célestes À côtoyer de quiétude Avec l'amour pour seul geste Là, au cœur de la plénitude L'immanente onctuosité De la permanente êtreté  Combien sommes-nous-je Fils de matière libérés  À s'être aventurés au jeu De l'inflation des réalités Pour embrasser l'immensité  De l'Unité d'avant la dualité ? Combien sommes-nous-je Délivrés de nos cachots de peaux De chairs et de perceptions Nous, Maîtres des sensations À avoir aboli la frontière du réel  Pour approcher le mystère originel  De la conscience émancipée De son humanimalité ? Combien sommes-nous-je À nous être affranchi de la forme À avoir franchi l...

Je te promets

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© DR Frère d'arme Frère d'âme, mon ami  Je t'en conjure, je t'en prie Ne croit pas que tout a été dit Ne croit pas que tout est fini Que les dés sont jetés Qu'ils ont été pipés  Je sais ta solitude Je connais ta lassitude Tes amours consommées  Tes passions consumées Je sais, mais je te promets Ne regarde en arrière  Tu vas te changer en pierre La nostalgie, la mélancolie C'est la fin de l'envie  C'est la fin de la vie C'est quand tu fermes les yeux  Et que tu ne vois plus la magie  Quand tu t'amenuises d'ennui  Que tu as fini d'être curieux  Quand tu sombres dans l'ombrageux Quand ton esprit se pétrifie  Ami, reste en alerte sur aujourd'hui Tu ne sais pas les divines surprises Des jours à venir qui s'éternisent La providence tout autour animant  Les vols suspendus du temps  Et les instants s'écarquillant  Tels des yeux ronds d'enfants Innocents d'émerveillement Devant les lunes énigmatiques  Et les lourds soleils ...

Basse messe

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© Antoine Stevens   Ça débine, ça parle de travers Ça dénigre, ça déblatère Peu importe le sujet de la discorde Pourvu que ça critique, que ça polémique Faut que ça saigne, que ça morde C'est ce que les gens aiment, la critique Les échauffourées, les démêlés, la souille Faut que ça s'embrouille, que ça s'arsouille Que ça s'esquinte et que ça chicane tout autour Ils pronostiquent les matchs tels des vautours La concorde, ça ne fait pas recette aujourd'hui Pas plus que l'harmonie, pas plus que l'esprit La paix ne vaut pas un penny en pays de paix Quand le roquet ne peut pas chiquer le mollet Il grogne, il salit, il diffame, il calomnie Il donne même des leçons de morale Il ose se comparer le leptocéphale "Moi, je suis immaculé, je n' ai aucun vice" Il s'indigne en chorale, il réclame justice : "Faudrait les mettre au pilon Les envoyer au ballon Tous autant qu'ils sont, les vilains, les malfrats Les qui ne me ressemblent pas Les qui p...

Savoure

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©DR Savoure l'amour Tant qu'il est temps Il n'y a bientôt plus que lui Au chevet de ton lit Alors, à l'orée de ta vie Les vanités s'évanouissant Les identités s'effilochant  Seul, face à toi-même  Voilà que tu vois le voile Voilà que tu devines la voie Qui te sépare de ton origine Par delà la matière Cette lueur singulière  Vaporeuse opalescence Par delà les apparences Malgré les ombres mutines Les forces obscures Les images qui s'agglutinent Tous ces personnages s'interposant Ta conscience s'évanouissant Toi, tantôt monstrueux, tantôt bienfaisant Piétinant tous les stratagèmes Des chimères et des créatures Ces visages connus et inconnus Ces mirages, ces gageures Tu voudrais te dépouiller de ton existence Déposer ton corps de souffrance Abdiquer ta mythologie personnelle Pour achever ta quête spirituelle  Endosser ton corps de gloire  Et enfin clore l'histoire Toi, te déshabillant de toi-même Couche après couche de réalité Des squames par monceau...

Et alors ?

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©Jimmy Lawlor Je suis mort et alors ? Que voulais-tu encore Que je m'éternise à l'infini Ma vie ne t'a pas suffit ? Tu portes ton regard en plainte Tes deux mains jointes Unies vers l'univers Noyée dans ta peine solaire Tu te dis en catimini Que c'est là que je suis Là et nulle part ailleurs En lueur  En apesanteur Mais c'est grand le firmament  Tellement grand Comment être sûrs de se retrouver  Dans l'impensable unité *   Je suis mort et alors ? Il ne reste plus que toi Toi et ta souffrance Moi et mon outrecuidance Cette espèce d'assurance  À expliquer l'après existence J'ai connu la transcendance  Fait l'expérience de l'immanence Voilà la raison de mon aplomb Je sais d'où nous venons Et où nous retournons Entends et lis Ce qui suit La mort du corps Je persiste C'est l'âme hors du corps Et je signe Je suis mort et alors ? Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanlu...

Mon petit

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Riki Sunsanto ©DR Ne laisse personne te dire que tu n'es pas grand, mon petit Que tu n'es pas à la hauteur, que tu n'es pas abouti Que tu n'es pas assez habile, que tu n'es pas intelligent Ils sont petits ceux qui se croient grands, je te le dis Ils te toisent du sommet de leur savoir, du haut de leur promontoire Ils se jaugent à l'aune de leurs avoirs, de leur pouvoir Ils se comparent en vertu ou autres facultés morales Que sais-je encore l'insolence de leur arrogance si banale Ils t'assènent un verbiage pompeux d'eux seuls pratiqués Esclaves qu'ils sont d'une représentation d'un monde étriqué  C'est si rassurant de classifier les autres, de les chosifier À l'école de apparences, ils n'ont de loyauté que les convenances Sous les sourires de circonstances, une triste condescendance Crois-moi, il est pitoyable celui qui s'encense sans cesse D'être l'auguste, l'unique magnificence de son espèce À se voir trop gr...

Métisse

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©DR Je suis un métisse améthyste Né d'un mélange d'anges Un enfant indigo Un enfant artiste J'engrange à la frange de la fange Sur une Terre à l'atmosphère délétère  L'étrange louange des archanges  Qui s'échangent des oranges vermeilles  Scintillantes comme des groseilles Devant ce feu d'artifice, je m'émerveille Me hisse au bord des abysses, me réveille Roi Soleil au tarot des merveilles Illusionniste dans la matrice Je glisse avec malice le long du précipice M'immisce avec délice au pays de l'éveil J'admire le spectacle en délire du miracle Une chrysalide qui s'évide dans un vide  Que préside une pluie limpide d'astéroïdes Grandiose apothéose de la matière Qui s'opère au cimetière de l'élémentaire  Il y a que la singularité s'est dédoublée Joyeux souvenir d'une lointaine unité Et que nous voilà, quoique adoubés, perclus D'inconnu, sitôt issus du flux de l'absolu C'est le prix à payer pour s'incarner ...

Les fourbes

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©The Purge Il est beau le héros avec son pseudo Il fait le fiérot sur les réseaux Essaime sa haine telle une gangrène Fait rempart de son avatar, le couard  Il se terre comme un cafard, blafard Le misérable cancrelat, à l'abri de son anonymat Il crache, il clashe, il bâche, il joue à cache-cache  Il se dissimule, il se clapit, il se calfeutre Le péteux, le pleutre, l'avorton mal avorté Tu voudrais le marave, lui claquer le beignet Le baffer, lui distribuer de la mornifle Le craintif ne vaut pas mieux qu'une gifle, T'as vu, c'est le genre à te prendre en vidéo  Quand tu le secoues un peu trop, le Zorro  Des fois qu'il pourrait porter plainte  La mère des cons est toujours enceinte * Et te gratter quelques jours d'ITT Majestueuse mentalité d'enfoiré ! Il y en avait plein du temps de la gestapo Des respectables, des honorables, des collabos Des cloportes à l'affut derrière le rideau Prêts à balancer du juif pour un jambonneau Des lâches sans visage, des...

Se défaire

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© Yeong-Deok Seo Croire dur comme fer que tout est matière Voilà nos œillères, l'enfer sur terre On viendrait de nulle part, on n'irait pas plus loin Et à la fin, il ne resterait rien de toi, de moi Absolument rien de la vie sur Terre Rien, puisque c'est de là que l'on vient Rien, puisque c'est là où on va, ma foi À quoi ça sert tout ça, on se demande bien ? Tout ça pour finir dans le froid de l'Univers  À  quoi sert tout ce temps passé À faire tout ce qu'on fait, c'est une vie gâchée  Pourquoi ne pas faire tout ce qu'on ne fait pas Ce qu'on aimerait bien faire, tu vois ? Plutôt que de se satisfaire de faire  Ce qu'on fait, contraints et pas le contraire Pourquoi s'obliger, à quoi ça sert ? À moins de faire les choses machinalement Parce que chacun fait ainsi et pas autrement Elles sont alors pesantes ces contingences Toute cette vie passée à répondre à l'exigence D'être en obligation plutôt qu'en connivence Parce que c'es...

Imagine

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©DR     "Imagine qu'il n'y ait plus de pays" Imagine qu'il n'y ait plus de conflit Plus de haine, plus de mépris Imagine qu'il n'y ait plus de guerre  Plus d'enfer, plus besoin de paradis Imagine qu'il n'y ait plus de jalousie Plus de sauvagerie, plus de tuerie  Imagine qu'il n'y ait plus que la vie La vie et rien d'autre que la vie Chacun s'épanouissant dans le respect d'autrui  Imagine que nous ne soyons qu'unité  Qu'il n'y ait qu'une seule et même êtreté  Un seul être au monde, une seule entité Imagine que l'Univers soit conscience Qu'il soit vibrance, résonance  Imagine que cette conscience soit absolue Que le contenant soit comme le contenu Matière et vide formant un même corps Imagine, ça ne demande pas tant d'effort  Que nous ne soyions finalement qu'un tout Que la seule différence entre nous Soit comme un reflet dans le miroir Dérisoire Imagine que tout le vivant participe à la fêt...

Prédateur

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© DR Le chasseur a tiré toute la journée  Ce soir, il s'est tu, il est fatigué Il a fait le compte de la chair abattue Il a bien tué, faut dire qu'il s'est bien battu Il a couru la campagne à travers champs Son treillis patientait depuis si longtemps Pour une ouverture, c'était pas folichon On se demande où sont passés les pigeons L'oiseau ne passait pas assez haut Pan ! Tant pis, il était à portée à fusil Ben, l'était pas bien gros le passereau ! Il a rejoint la besace bien fournie Du traqueur de la vie à l'agonie Le plomb l'a transpercé entièrement  Il est tombé net, mort sur le coup ! C'est tellement excitant d'éliminer le vivant Pourquoi, je n'en sais rien du tout ? Mon père chassait, mon grand-père avant On est des chasseurs depuis tout le temps Nous connaissons tous les cris animaux Pour les oiseaux, on se sert d'hapeaux Tout petit déjà, je savais les utiliser  La faune s'est raréfié ces temps derniers  Mon ultime lièvre, c'...

Les filles sont jolies

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  © Marie Laurencin 1883-1956 Plus je vieillis, plus les filles sont jolies C'est un bien étrange ressenti Dont je me vois curieusement assailli Peut-être est-ce l'été qui agit ? À moins que je ne me sois alangui À une quelconque rêvasserie Que sitôt la morale contredit ! : " C'est faire montre de peu de vernis Que d'imaginer croquer la belle ancolie Qu'est-ce que fruit à peine mûri  Trouverait de bouquet à pomme flétrie ? " Je me demande le pourquoi subi De cette bien étrange chimie Ce qui peut m'émouvoir ainsi Devant ce spectacle exquis Ma plume ne se veut que poésie Et mon regard par l'émotion trahi Est ébloui plus qu'il ne traduit l'envie D'une éventuelle suspecte badinerie Il faut laisser à jeunesse son énergie  Sa folie, ses soucis, ses lubies Le spectacle est à ce point permis Que je reste ébahi, ébaubi, ahuri Devant tant de grâces réunies Humer le parfum avec frénésie Voici bien là mes seules envies En absorber le miel tue...

Aimez-vous

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  ©DR Offrez-vous un soupçon de légèreté  Pour habiller l'espace de simplicité  La finesse d'un voile vaporeux Afin que la grâce puisse se révéler Offrez-vous de la tendresse à défaut d'amour Et de la délicatesse pour combler tout autour Donnez-vous de la fraîcheur Pour gonfler vos poumons d'ardeur Et chanter en chœur le défilé de la vie Qui déroule sa houle joyeuse Au creux de vos mains nues Admirez sa danse impromptue   Accordez-vous de la douceur  Pour épargner vos fragilités Quelque indulgence à défaut de bonté De la tolérance pour vous pardonner Vos erreurs en humanité La peur vous avait mal guidés Octroyez-vous du repos Quelque répit à défaut de sérénité Vous avez mérité de vous oublier Faites la pesée de toutes vos qualités Voyez comme vous êtes achevés Vous êtes les seuls à pouvoir vous aimer    Jean-Luc Levesque  Article suivant   Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/  

La grâce

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© Grégory Colbert   Vois-tu la grâce te faire signe Elle n'a de cesse de te révéler  Par tous les moyens à sa disposition  Ton trône au sein du royaume Elle se glisse dans les conversations S'immisce dans tes occupations  Se mélange aux bruits de fond Elle chuchote, elle murmure Elle susurre, elle carillonne Il faut être en éveil, il faut avoir l'oreille Pour percevoir son message  Souvent, elle se sert d'un émissaire Tu n'y crois pas, c'est un tel mystère  Comment est-ce possible  C'est du domaine de l'invisible ? À peine te poses-tu la question  Que le charme déjà s'évanouit  Quelle coïncidence ? La vérité ! Quelle synchronicité ! Guetter l'immanence Observer la magie de l'existence  Devenir spectateur de la Présence  De l'impermanence Qui nourrit tes sens d'abondance T'en révèle partout la substance  Voilà la récompense   De ton intime correspondance Avec l'Essence Et voici ta nouvelle résidence Avec pour unique sé...

L'opulence

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© Lok Chiak   Aurais-tu pu vivre plus profonde plongée Que cette immersion au cœur de la vie ? Tantôt tu doutes de cette terne existence C'est le poids des habitudes qui influence Tu ne vois plus que la lumière éblouit Tu ne vois plus le miracle, la magie Tu as oublié l'énormité de la félicité Le simple émerveillement d'exister Car c'est bien une énigme que d'être né C'est bien d'un prodige dont il s'agit D'un phénomène, que dis-je, d'un génie  Souviens-toi tes premières trépidations  Le flot insensé et continu des signaux Ton cerveau en alerte, en ébullition  La fraicheur de l'air, le clapotis de l'eau Les parfums du monde enfantin Nous étions tous enivrés d'éternité Médusés par l'infinité de la diversité Nous ne nommions pas l'abondance Ne possédions pas encore la science Nous respirions, humions les fragrances Et n'avions que faire de l'inventaire Nous ne savions pas le voyage de l'univers Nous étions en éveil d...

Béance

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Le désespéré, 1845, Gustave Courbet (1819-1877)  Regarde ta folie bien emmitouflée Au cœur de ton humanité Elle trône telle une vigie Au beau milieu de ta réalité Elle te hurle danger Là où il n'y a rien à redouter Te persifle complot et machination Là où il n'y aucune conspiration Elle accuse un responsable Coupable de ta vie lamentable L'autre là, le différent, l'indésirable C'est une petite folie, tu me diras Dont tu t’accommodes des tracas Qu'elle cause à ta craintive tranquillité Car tu n'es pas maître de tes pensées Voilà une des raison de tes anxiétés Incapable que tu es de contester Ce que t'affirme le petit tyran Qui a fait siège de ton entendement Ce dictateur, cet oppresseur Qui se nourrit des tes peurs Celui qui gamberge sans ton autorité Et qui a pris possession de ta lucidité  Tout ça ne serait pas problématique Si en ces temps d'échanges frénétiques Tu ne te mettais à délivrer tes insanités Et à former communa...

Le secret

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© Grégory Colbert Cultiver le silence Voilà le secret Taire la petite voix intérieure Faire cesser les images Voilà le secret Arrêter de s'envisager De s'imaginer De se dévisager Voilà le secret Poser tous ses outils De perception De compréhension Passer en mode manuel Changer de logiciel Voilà le secret S'abandonner S'oublier Faire la paix Être en paix Être la paix Voilà le secret Le secret qui ouvre la porte du secret Jean-Luc Levesque   Article suivant     Vous pouvez vous procurer mes livres ici, merci : https://www.jeanluclevesque.com/

Entre terre et éther

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© Noell S. Oszwald J'erre entre Terre et éther "Entre ciel et chair" * Je ne puis, c'est ainsi Me défaire du mystère Partout dans les airs Tantôt j'oublie la magie J'oublie que l'âme agit Je me jette dans la nuit Pour mieux me défaire Des fers qui m'enserrent Ma cécité délivrée Les antennes déployées Je vois alors le monde d'à côté Il y a que la matière danse Quand tu la sais vide C'est l'esprit qui manigance Qui réagit, qui préside Et nous aussi on danse Sans même nous en rendre compte On est comme dans un conte Héros, héroïne d'un jeu de rôles Ou de marionnettes, ça dépend On pense tout contrôler, c'est drôle Mais on apprend à nos dépens Qu'on est des arlequins, des pantins Et à la fin on comprend Qu'il y a un maître d'œuvre Invisible à la manœuvre Là, juste en toile de fond Un metteur en scène mystérieux Un Deus ex Machina Qui tient à son anonymat Et qui règle la lumière des lieux ...

Vagabond céleste

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  © Noell S. Oszwald   Voici l'éphémère manifeste D'un vagabond céleste Le modeste recueil illustré D'un voyageur émerveillé Il profite de son passage furtif En équilibre sur son fragile esquif Pour décrypter sa mystérieuse aventure Et la miraculeuse épopée de la nature C'est en contemplatif averti En explorateur ébahi Sous perpétuel état de poésie Qu'il guette la subtile magie De l'expression du vivant Dans tous les signes environnants Il n'appartient pas à son temps Dont il n'a que faire des égarements Le monde des hommes l'assomme Tout ce bruit, toute cette fureur Vanité, vanité, le diabolique opium Qui instille la fielleuse douleur Au cœur de l'inconscience : Dictature du paraître et superficialités Que restera-t-il de nos individualités Passé l'histoire, pauvres consciences ? C'est pourtant simple le bonheur Il suffit d'observer la vie à l'honneur Avec la nature comme seul métronome En...

Le saut de l'ange

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© DR Tu t'es envolée Noyée de solitude Ivre de désespoir, de lassitude As-tu voulu fuir les ténèbres Ou bien embrasser l'immensité De ta folie démesurée En route vers la lumière Dans un éclair de lucidité ? Tu t'es élancée Une Princesse a chu L'instant d'après n'était plus Tu as quitté ton promontoire Abandonné ton histoire Tu as sauté Sauté dans le vide Le vide de l'espace L'espace d'une seconde Seconde d'éternité Éternité suspendue Au fil de ta chute Le choc fut terrible Et la stupeur indélébile Le temps qu'elle a duré  Une douleur indicible D'un cœur arraché Qui sonne en creux Le vide d'une poitrine Impossible à combler Ton amour t'avait trahi L'abandon ajouté à la perfidie Qu'il t'avait déjà inoculée, le scorpion Il ne méritait pas ta passion Mais, tu le chérissais toujours Pourquoi n'ai-je pas vu les tours Que manigançait l'intrigant Ça ne sert plus à rien, maintenant Mais il reste qu...