Ricardo !

©DR


Comment as-tu pu devenir aussi con
Mon bon compagnon ? 
Tu n'étais pas des plus lumineux, je me souviens
Je ne brillais non plus de mille feux, j'en conviens
Mais le temps a fait son œuvre
Charriant son lot d'épreuves
Et les angles de ma connerie
La culture en contrepoint
Se sont petit à petit arrondis
J'ai fini par gagner quelques points 
De raison à défaut d'excellence
De présence sinon de clairvoyance

Mais alors toi, mon garçon
Tu as accompli cette performance
Inouïe de régresser en intelligence
Qu'est-ce donc, quelle affliction, la boisson
Ou je ne sais quelle autre dépendance
Qui t'a fait t'abîmer en décadence ?
Quel abattement, quel renoncement
T'a fait sombrer dans le néant ?
Quelle détresse, quelle lâcheté t'a piqué
Pour te faire ainsi céder à la médiocrité ?
Car, c'est bien de faiblesse dont il s'agit
Que de rêver l'humanité en catégories ?
 
Aurais-tu oublié le parcours des anciens
Rassure-moi, tu ne penses pas être pur 
Archangélique comme le serait un saint ?
D'une race unique, sans aucune bavure ?
Un diamant brut, un vierge effarouché ?
Tu te souviens, les sorties, les virées
On a bien trainé nos guêtres dans la boue
À commettre les quatre cents coups
Et la môme Yasmine mise en cloque
Tu ne t'embarrassais pas d'idéal à l'époque
C'est quoi ton problème aujourd'hui
Qui t'a refilé le virus de la connerie ?

Ohé, copain aux origines incertaines
T'as oublié le parcours de ta lignée ancienne ?
Te souviens-tu des insultes, des offenses ?
Le métèque ! Combien as-tu rendu de violence
Coup de plafond dans le nez et que pisse le résiné
Tu te souviens ou bien je te raconte la honte
Ils avaient fui la misère pour finir au ghetto
Tes ancêtres asservis aux boulots de caniveau
Ils avaient fui les fachos, ti ricordi Ricardo ?
Tu as oublié ou bien tu t'es crétinisé ?
Ne me dis pas que tu t'es embourgeoisé ?
Que tu défends ta classe de nouvel installé
 
Maintenant que tu as grimpé dans l’ascenseur
Tu joues du pied pour en rester le seigneur ?
Tu n'as plus aucune figure malgré ta teinture
Mon beau brun ténébreux, ma flétrissure
C'est insensé ce que la vie peut nous diminuer
Jusqu'où s'insinue le complexe d'infériorité
Faut croire que c'était bien enfoui chez toi
Toute une vie pour en finir là, tu me déçois
Je n'aurais pas dû taper ton nom en vérité
Ce qui est passé appartient au passé
Mais de grâce, s'il te reste encore quelque brio
Tel qu'en ma mémoire nous formions le duo


Jean-Luc Levesque

 
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