Désamour propre

© Stephen Gesell
Il est seul
Seul avec lui-même
Rendu à sa nudité
Dépouillé des autres
Déshabillé d'altérité
 
Il est seul 
Seul avec son ennui
Réduit de dépit 
Désespéré à force d'espérer 
Qu'on vienne le distraire 
 
Il voudrait juste s'oublier un peu
Il voudrait regarder ailleurs 
Qu'on lui montre par le cœur
Autre que lui-même

Il voudrait juste qu'on l'aime
Il voudrait qu'on le libère 
Mais il n'y a personne pour lui dire
Que ce n'est pas vers l'extérieur
Qu'il faut se tourner

Il est seul
Avec pour seul ennemi
Son immense présence irradiant 
D'une étincelante austérité
Lui, déshérité de nuances 
 
Seul
Seul, parmi les froides étoiles
À scruter le vide de sa propre vacuité
Macérant dans son entêtement
Et son impeccable obscurité

Il est seul
Avec le blâme d'autrui pour anesthésier
Les assauts cinglants d'un vide vengeur
Il est seul, avachi de lassitude 
Claustrophobe de lui-même

Il voudrait qu'on l'aime
Mais il ne s'aime pas
Il ne s'aime pas
Parce qu'il n'a jamais vraiment aimé
Parce que, souffre-t-il, on ne l'a jamais aimé
L'oublieux bébé goulu, mal parvenu à maturité
On ne récolte que l'amour que l'on a semé

Jean-Luc Levesque 

 
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