Le mystère

Kew Gardens London © DR


Voici le mystère qui alimente
La lumière irisant nos corps éparpillés
 
    Tu pourrais ne rien voir
    Tu pourrais ne pas avoir été
    Être sans même savoir
    Que tu es, là, éclairé d'identité 
    À te questionner sur ta réalité

Tu pourrais n'être qu'une simple créature 
Juste une nourriture, une fioriture
Sans conscience, sans figure
Une enluminure façonnée par la nature
Programmée pour je ne sais quel augure

Cependant tu es là, armé de tes sens
Dans un espace qui t'invite à la danse
Ce vide que tu remplis de ta présence
Et que tu penses sans importance
Exempt d'essence et donc de sens

Crois-tu ! Car avec un peu d'insistance
Et de renoncement à ta propre substance 
Tu comprends que l'espace est omniprésence
Sans lui, pas de possibilité d'existence
Sans lui, point d'altérité, point de consistance

C'est dire la totale méconnaissance
De l'espace que l'on juge sans importance
Pas loin d'être rien, une absence
En toute indifférence, une insignifiance
Rien, pas même une coalescence

C'est pourtant l'espace qui fait reliance
Le vide qui concentre toutes les nuances
Sans lui, pas de contenu, pas de contenance
Et au cœur du soi-disant néant, l'intelligence
Nous, magnifiques spécimens d'indigence 

Ignorants, tel le nez au milieu d'un visage
Peut-être trop près du mystère, l'évidence

Jean-Luc Levesque
 
 
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