Mort

Hisu Lee & Kathrin Spickermann ©DR


Il est mort au beau milieu de sa vieillesse
La belle l'a enveloppé d'une étrange caresse 
À l'heure exacte où l'horloge sonne 
Pile aux douze coups de midi
Échoué là, seul, au bout de la vie
Sans mot dire, sans gémir
Sans rien dire à personne
Il est parti sans laisser d'adresse
Abandonnant tout, jusque sa jeunesse 
Comme pour s'excuser d'avoir tant vécu
Il a respiré une dernière fois, puis il s'est tu
En toute discrétion, en toute politesse

Ces derniers temps ne transpiraient pas l'allégresse
Il planait comme un air de fatalité
Une espèce de lourd nuage sur l'humanité
Il avait l'impression d'avoir déjà connu
Ces périodes assourdissantes de détresse 
Quand le sort s'acharne sur nos têtes nues
Quand le soleil ne brille plus comme avant
Que les couleurs ont vieilli subitement
C'est parmi ces ciels jaunis, ces vents délavés
Que l'homme est parti sans se retourner 
Laissant aux jeunes, la tâche vagabonde
D’espérer pour illuminer le monde

Jean-Luc Levesque 

 
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