Tendresse

© Mark Clennon


L'enfant blottit son corps contre son père
Les fronts unis dans une douceur fragile
Ils s'endorment, tendrement immobiles
Bercés par le roulis lancinant du train
Qui les emmènent quelque part plus loin
Vers un ailleurs qui n'a pas besoin de repère
Ils voguent enlacés, embrassés d'éternité
L'amour pour unique bagage, seule finalité
Rien autour n'a d'importance, leur présence 
À l'évidence, concentre toutes les essences
Le monde semble s'être dissout, évaporé 
Ensemble, ils ne forment plus qu'une entité
Plongés dans un instant d'amour infini
Que sans doute seul mon regard trahit
La plupart des voyageurs prolongent la nuit
Ils vont travailler jusqu'au bout de l'ennui
Les yeux fermés pour éteindre cette réalité
Qui clignote en tâches de lumière délavée
Derrière les vitres battues par une pluie salie
Un jour timoré se lève, les yeux s'éveillent
La banlieue défile noyée d'un crachin jauni
Les doigts réaniment les écrans en veille
Chacun va son monde, va sa solitude
Nul ne voit la merveille pourtant vastitude 
Que j'observe, cette tendresse qui me nourrit
Et que je tente de chuchoter avec modestie
L'amour est pourtant toujours là, tout autour
Il frappe à nos cœurs sourds sans tambour
Regardez au-delà du jour et de la nuit
Ouvrez l'œil les amis, le spectacle est gratuit

Jean-Luc Levesque
 
 
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