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Affichage des articles du mai, 2022

S'envoler

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© Sebastiano Cartomante C'est peu dire que nous perdons chaque jour Un jour à vivre, un peu de temps pour rire Quelque occasion de palpiter, de frémir Il en faut du courage et de l'insouciance  Pour chanter le bonheur devant l'échéance De nos vies, malgré ce corps devenu lourd Penchant vers la terre, encore et toujours  Et les ans s'entassant jusqu'à crue certitude Prélude de cette mort qui, au lit des trépas Sourire après sourire, soupir après soupir Se rit de nos rides à nu et pas après pas Engloutit nos illusions d'infinie jeunesse Il faut avouer que jusqu'hier, en liesse Nous nagions parmi les eaux d'éternité  Portés par le torrent survolté des années Bouillonnantes, nous ne savions pas la hâte Avec lequel l'amer s'empare de nos prostates Et nous rend impuissants devant l'évidence Nous avons vieilli, voilà l'épaisse vérité L'étonnante vérité, comme surpris, ébahis Par tant de précipitation, nous voici ahuris On nous l'avait po...

Ne pleure pas

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© Valerhon Ne pleure pas mon enfant Tu sais très bien que je ne reviendrai pas C'est la règle du jeu que de partir C'est la règle du "je" que de mourir Je n'allais pas rester là indéfiniment Il fallait bien faire de la place aux suivants Ne pleure pas mon enfant Je sais, la mort du corps ça fait souffrir Mais l'âme hors du corps, quel plaisir  On pleure parce qu'on ne se reverra plus Douleur infinie que l'amour disparu Je sais, la béance dans ta poitrine nue Il ne nous reste que notre foi pour croire Qu'on se retrouvera ailleurs, ou pas... En Amourie, ou bien... encore en Absurdie C'est la punition céleste pour avoir été C'est la malédiction pour avoir croqué L'énorme pomme de la connaissance Nous l'avons dévoré jusqu'au trognon Cette existence, putain, quelle expérience Nous aurions pu vivre sans conscience Comme d'intrépides endormis en souffrance  Persuadés de l'illusion des contes de fée  Je ne leur jette pas la pier...

Tête à l'envers

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Je marche la tête à l'envers Les yeux ouverts vers l'éther Le mental en mode stationnaire Les affaires de la Terre m'atterrent  Ce doit être l'attraction céleste qui conteste Tu as vu comme la misère est funeste Et comme la haine est ensorcelante Au pays de l'Absurdie hurlante Qui aligne ses martyrs au pas de tir Comme on joue aux dominos pour se divertir Combien de vies pour que la magie opère Combien de morts pour qu'ils s'appairent À la lumière, à l'information de l'Univers Qu'ils s'alignent, qu'ils se repèrent Et commencent à rêver juste, juste rêver vrai Les yeux ouverts, la tête à l'envers À une vie meilleure, à une vie de douceur Juste rêver à une vie de bonheur Renverser la vapeur du malheur Et agir de désirs sur l'avenir Je marche la tête à l'envers J'abdique ma couronne de Jupiter Je me range du côté de l'univers Définitivement, je dépose les ronces Absolument, je capitule, je renonce L'amour est ma seule...

Rien

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© Jean-Luc Levesque C'est une journée étrange que cette journée, tu voudrais bien faire quelque chose, mais tu n'y peux rien, tu restes là à attendre que rien ne se passe afin que rien ne vienne déranger l'inaction dans laquelle tu te loves jusqu'au menton, comme lorsque tu t'engonces dans un épais duvet moelleux par un temps de chien. Tu ne bouges pas, sinon les orteils en signe d'une satisfaction profonde. En réalité, c'est ton corps qui a pris le pouvoir et qui te dit merci de lui laisser les commandes. Il t'a posé, là, dans un fauteuil à l'ombre d'un parasol sous le gazouillis des hirondelles et tu as obéi à son initiative, comme ensorcelé par une prise de pouvoir si péremptoire. Tu ne t'es pas non plus, il faut bien l'avouer, beaucoup débattu.  Te voilà donc tranquillement installé à l'horizontale, en position de croisière, prêt à affronter le temps qui fait semblant de s'éterniser. Tu voudrais profiter de l'instant pour ...