Illusion des réalités

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©DR

















Quelque part
Dans un endroit qui importe peu...

Un homme est là,
Immobile

Sans mouvement,
Il observe le lent cheminement
Des êtres et des choses

Il pense

Quelque part
Dans un endroit qui n’a pas d’importance

Un homme pense,
Il pense à tout,
Il pense à rien

Difficile de penser à rien
Difficile d’être immobile

Souvent, là où l’homme pense, l’homme va
L’homme pense souvent mal,
Alors l’homme va mal
C’est une chose que d’être…

Des êtres et des choses
L’homme pourrait discourir à l’infini,
Mais l’homme ne dit rien

Il pense
   
Un homme pense que quelque part,
Il a peut-être quelque chose à dire...

Quelque part,
Sous des allures de ne rien dire,
L’homme dit des choses,
Des choses de rien
Ou pas grand chose...

C’est difficile de dire,
On parle tant pour ne rien dire,
Alors que dire

Se dire qu’on s’aime ?

Si on s’aimait comme on le dit,
On n’aurait pas besoin de se le dire,
On s’aimerait un point c’est tout...

Mais c’est difficile de s’aimer,
Aimer sans condition, se dire «je t’aime»,
Sans précaution, sans stratagème

Je t’aime !

A tort et même à travers,
Par delà toutes les directions,
Avant même toute intention

Je t’aime !

Comme unique raison,
Comme seule explication...

A moins de se taire,
Ou juste chuchoter l’essentiel

Je t’aime !
Un point, c’est tout...

*

S’aimer fait s’aimanter les corps.
Ce n’est pas que de la sémantique,
Les corps deviennent amants
Et s’aimant, ils sèment l’Amour

Il n’est que l’Amour
Que les aimants attirent
L’Amour est le sème de la vie

La semence de l’Amour,
Le jour où l’Amour fut :

L’Amour en retour de l’Amour !

L’étincelle originelle,
Les eaux matricielles,
La perfection de l’Un !

Singulière singularité

L’insensée Création,
Le nombre d’Or,  notre incarnation
L’impeccable mathématique !

Nous, entre Amour et physique,
Conscients ! De cette présence
Qui, subtile mécanique du vide quantique

Révèle partout l’Amour présent


*


Peu importe le temps que l’Amour prend

Le temps de l’Amour,
Tant que dure l’Amour,
C’est maintenant

Passé le présent,
On perd ses repères
Et l’Amour s’évanouit tel un mystère

L’Amour n’est plus !

Alors, on se décortique,
On s’interroge, on revendique
On cherche partout l’Amour parti

Avec le temps va, tout s’en va,
Sauf l’Amour qui reste là et qui attend
Que l’on entre dans la danse

Par delà tous les temps,
L’Amour attend patiemment 
Que dans l’instant se réveille

Notre union à l’ici et maintenant
Au point d’orgue de l’Unité


*


Quelque part
En des temps sans importance

Un homme pense

Il pense que quelque part,
Il a peut-être encore quelque chose à dire,
Alors qu’il n’a rien, ou pas grand chose à ajouter

De la poésie, peut-être,
Le nectar du Verbe, la fleur de l’Esprit,
Le velours de l’Amour, l’ambroisie

Le trait d’une plume,
Toutes ces pensées qui papillonnent
Et impressionnent de lumière
La toile à vibrer de l’Univers

L’écran magique de l’existence
Qui projette alors, divine transcendance,
La symphonie de la vie en cadence

Aux sens émerveillés du rêveur éveillé

L’homme est libre !

Libre comme l’air,
A détricoter la grammaire
Du Verbe de la vie

Il est assis, là,
A califourchon sur le monde,
Son esprit vagabonde

Qu’est-ce cette insensée profusion,
L’addition de tous les possibles,
Cette incroyable potentialité ?

Nous, là, ces milliards de réalités,
Dans un rêve d’humanité,
Mirage ou miracle ?


*


L’origine de la vie
Hasard ou nécessité ?

Qu’est-ce que donc ce mystère
Qui enivre l’air

Cette intention irradiante
D’où exhalent les parfums,
Telle la subtile vérité

Gracile battement de cils
De la vie si fragile

Cet espace qui s’offre à nos sens
En une folle farandole de signes

L’Amour à tirant d’aile,
Dont l’âme se drape au pluriel,
Pour embrasser l’impossible ?

Qui sommes-nous-je ?
Sommes-nous-je dans un songe ?

A moins que ?

Par delà le miroir,
Toute altérité dissolue,
Le Tout manifesté

Ne soit que les multiples faces
D’une seule et même êtreté,

L’illusion des réalités

*

 

Jean-Luc Levesque
 
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