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Elle m'a ardemment ramené à sa réalité, ses lèvres d'eau posées sur mon corps alangui par un soleil aussi lourd que ses seins dressés, là, tels des montagnes de douceur faisant naître, au cœur de mon cœur, une source d'une précaire quiétude. Me voilà anéanti de bonheur, tétanisé de plaisir, le lait de son sourire irriguant ma peau jusque transpirer à travers mes veines d'un mélange mielleux qui me fige d'éternité sur la croix de l'instant. Je l'ai dans le sang depuis si longtemps. Je ne puis me défaire de son attraction. Je suis comme un vulgaire bout de coton imbibé de ses parfums d'enchantement.
Que faire ?
Rester en matière ? Céder aux volutes d'alcools envoûtants qui tournoient autour de mon âme résignée de renoncement ? Combien de temps avant que je puisse me soustraire à son addictive influence ? Si les siècles se comptent en seconde, alors voici bien quelques millions d'années que je demeure, ainsi vivant, suspendu à l'espoir d'un hypothétique affranchissement que je ne suis finalement pas sûr de désirer. Il y a pourtant tant d'espace à envahir. Tant d'étoiles auxquelles s'appairer. Qu'est-ce que j'attends ? Si j'avais dû m'extraire de sa gravité, je serais parti depuis une éternité.
Mais on ne se défait pas de l'amour, fût-il d'une écœurante abondance.
Si on ne possède que ce que l'on cède, alors je suis nu comme un nouveau-né, je n'existe pas. Ai-je seulement été ? Mon enveloppe m'illusionne d'identité, je ne suis qu'un agencement atomique prisonnier du parcours de l'équilibre ainsi formulé depuis l'aube de la création. Une succession de lettres dont je ne sais même pas traduire la signification. Qui écrit à travers moi ? Et pourquoi ? Qu'est-ce qui fait voyager ma plume ? Si je possédais le dictionnaire du vivant, je pourrais décrypter la grammaire initiale et peut-être approcher le message originel pour en comprendre l'impérative supplication. Car, immense soit notre intelligence, nous ne connaissons pas l'auteur de ce théâtre d'abondance dans lequel nous sommes engloutis d'opulence.
Tout n'est peut-être finalement qu'une question de temps ? C'est décidé, c'est acté !
Aussi longtemps que voudra bien durer le spectacle, je me contente de cette félicité, je reste définitivement esclave, suspendu au miracle, la bouche collé à la poitrine de notre mère nourricière pour en aspirer le miel d'énergie vitale. Pour en extraire la quintessence et continuer mon pèlerinage sur la route de la connaissance.
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